Vidéo Marathon de Paris : peut-on vraiment tricher lors d'une course à pied ?

Article rédigé par Thomas Destelle
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des coureurs lors de l'édition 2023 du marathon de Paris. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
Des coureurs lors de l'édition 2023 du marathon de Paris. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Ils seront des dizaines de milliers à s’élancer dimanche sur les 42,195 km du marathon de Paris. La triche pendant une course à pied est une pratique marginale mais bien réelle, que les organisateurs traquent de plus en plus efficacement.

Une infime minorité. L'édition 2025 du Schneider Electric Marathon de Paris va encore attirer des dizaines de milliers de personnes, aux alentours de 50 000 coureurs, qui vont tenter de se dépasser après une longue préparation. Mais pour une poignée d'entre eux, la course à pied est aussi le moyen d'obtenir un bon chrono sans effort, en trichant.

L'une des affaires les plus célèbres reste celle de Rosie Ruiz. Cette coureuse a triché lors du marathon de New York en 1979 en prenant le métro. Elle réalise un temps de 2h56 qui lui permet de se qualifier pour le marathon de Boston. Elle sera démasquée lors de cette course après avoir rejoint les coureurs à un kilomètre de l'arrivée et en se versant une bouteille d'eau sur la tête pour simuler la transpiration.

Disparu durant 15km

Plus récemment, au marathon de Berlin de 2008, Roberto Madrazo, un homme politique mexicain, est arrivé premier de sa catégorie d'âge - les plus de 55 ans - avec un temps de 2h40, avant qu'on découvre qu'il avait disparu entre les kilomètres 20 et 35.

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Différents dispositifs pour repérer les anomalies

Pour détecter les tricheurs, deux systèmes distincts sont déployés lors d'une course à pied. "Il y a d'une part les contrôles assez pointus et précis qui sont faits par les juges arbitres mais qui concernent quand même les coureurs qui vont faire les premières places dans les différentes catégories hommes et femmes", explique Adrien Tarenne, responsable développement des pratiques jeunes, forme-santé, running à la Fédération française d'athlétisme (FFA). Un dispositif particulier avec des juges notamment à moto. "Ils sont formés spécialement par la fédération. Ce sont vraiment des acteurs de l'ombre qui sont aujourd'hui essentiels à ces événements", indique Adrien Tarenne.

Pour le reste des participants, c'est la chronométrie qui permet de repérer les anomalies. Une tricherie comme celle de Rosie Ruiz est aujourd'hui beaucoup plus difficile à réaliser. Les coureurs sont désormais munis d'une puce électronique détectée par des bornes disposées sur la course tous les cinq kilomètres. Elles permettent de suivre la progression du coureur notamment à partir d'une application dédiée. "Vous avez l'icône de votre coureur qui avance sur la cartographie et aujourd'hui, ce service fonctionne très correctement", précise le spécialiste de la FFA.

Un coureur qui n'aura pas "borné" ou qui aura une trop grande différence dans ces allures pourra être décelé. Si ce type d'anomalie est détecté lors de la course, plusieurs vérifications sont possibles. "Le doute va pouvoir être recoupé par les caméras qui sont positionnées maintenant pratiquement systématiquement à chaque point de contrôle", précise Adrien Tarenne. Par exemple, si quelqu'un coupe à travers le Bois de Vincennes lors du marathon de Paris, il manquera à un pointage et son irrégularité sera repérée.

Une tricherie minoritaire

Dans une interview à 20 Minutes, l'organisation du marathon de Paris estime entre 100 à 200 coureurs qui se voient disqualifiés en raison d'une anomalie de chronométrage. Mais ce sont rarement des tricheurs et davantage des personnes qui ont arrêté la course et qui veulent rapidement récupérer leurs affaires en passant par l'arrivée. Les véritables cas de tricherie restent minoritaires, mais suffisamment préoccupants pour que l'organisation ait supprimé les récompenses pour les catégories d'âge.

Que risquent ceux qui se font prendre ? "La conséquence, c'est qu'ils n'apparaissent plus dans le classement officiel de l'événement, et dans leur historique de course. Le résultat n'apparaîtra pas", précise Adrien Tarenne. Dans certains cas, comme l'usurpation d'identité, les sanctions peuvent aller jusqu'à l'exclusion des futurs événements. "Quelqu'un qui récupère le dossard d'une autre personne qui vient sur une course à qui il arrive un accident, il n'est pas assuré", alerte le spécialiste de la FFA. Difficile de connaître avec précision l'évolution de la triche lors des courses à pied.

"Les gens trichent souvent parce qu'ils sont insuffisamment préparés et qu'ils sont engagés sur quelque chose, parfois six mois à l'avance", estime Adrien Tarenne. Et s'il subsiste quelques tricheurs malgré ces dispositifs, difficile de croire qu'ils ressentiront le même bonheur que ceux qui auront véritablement accompli l'effort jusqu'à la ligne d'arrivée.

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