Athlétisme : "On dirait moi quand j'étais jeune"... Gout Gout, la pépite du sprint adoubée par Usain Bolt

Vingt secondes et quatre centièmes sur 200 m à 16 ans. Voilà le temps canon réalisé par le sprinteur australien Gout Gout à Brisbane (Australie), le samedi 7 décembre. C'est tout simplement mieux que la légende Usain Bolt au même âge (20"13 à 16 ans en 2003). De quoi le faire basculer dans une nouvelle dimension et lui valoir des comparaisons flatteuses avec le Jamaïcain.

Au-delà des performances, cet athlète fin, encore en pleine croissance mais culminant déjà à 1,82 m, fait penser à son illustre aîné dans sa façon de courir. Pas le plus explosif sur les premiers mètres, Gout Gout écrase ses adversaires dans les 40 derniers mètres par sa capacité à garder sa vitesse de pointe. Les 100 derniers mètres de son record du 7 décembre ont été avalés en moins de 9"40 (le record de Bolt sur la deuxième partie d'un 200m est de 9"26).

Un temps qui lui aurait valu le bronze à Rio

L'Australien, né de parents originaires du Soudan du sud et dont le nom est le fruit d'une erreur administrative (il devait s'appeler Guot Guot), n'est pas le premier à être désigné comme "le nouvel Usain Bolt". Tout aussi précoce, l'Américain Erriyon Knighton est passé par là. Quatrième du 200 m des Jeux olympiques de Paris, ce dernier fait partie du gratin du sprint mondial mais il plafonne depuis ses 18 ans. Il avait été contrôlé positif à un stéroïde anabolisant le 26 mars dernier avant d'en être blanchi en juin.

"Ce n'était pas abouti sur le plan technique, alors que Gout Gout, c'est super propre techniquement, super juste. C'est une copie conforme d'Usain Bolt. Je pense même qu'il est peut-être un peu mieux techniquement que lui au même âge", a analysé Stéphane Caristan, ex-champion du 110 m haies, pour Eurosport.

Usain Bolt lui-même valide la comparaison. "On dirait moi quand j'étais jeune", s'est amusé le Jamaïcain sur son compte Instagram. Gout Gout a beau avoir réalisé un temps qui lui aurait valu une qualification pour la finale du 200 m aux derniers JO (et même une médaille de bronze à Rio, les 20"12 de Christophe Lemaître), son entraîneure Diane Sheppard sait que la route est encore longue. "On sait que le travail n'est pas encore fait. On n'a même pas encore atteint le camp de base avant de grimper l'Everest", prévient-elle dans les colonnes du Guardian [article en anglais].

Il va s'entraîner avec Noah Lyles

"Je suis Gout Gout, donc j'essaie surtout de me faire mon propre nom", insiste l'intéressé, tout juste propulsé sur le devant de la scène et déjà projeté comme tête d'affiche des prochains Jeux olympiques, à Los Angeles. Il aura alors 20 ans. Mais, son destin semble surtout lié à ceux de Brisbane en 2032, sur son sol national.

"C'est un grand talent. Le monde lui appartient et on attend de voir ce qu'il pourra faire dans les prochaines années", ne cache pas Andrew Faichney, directeur général de la performance pour la Fédération australienne d'athlétisme, dans des propos relayés par le Daily Mail [article en anglais].

Avant de se projeter sur de telles échéances, Gout Gout a plusieurs étapes à franchir. La prochaine : s'entraîner aux côtés du champion olympique du 100 m Noah Lyles lors d'un camp d'entraînement en Floride en janvier 2025. La signature de l'Australien chez Adidas en octobre a facilité le rapprochement avec l'Américain.