: Vidéo "Ça se fait dans de plus en plus de villes" : on a arpenté un quartier parisien pour repérer les dispositifs anti-SDF
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Dans les rues de la capitale comme ailleurs, de nombreuses installations empêchent les sans-abri de s'asseoir ou de s'allonger.
C'était un petit espace vide, caché devant l'entrée d'un immeuble, face au parc des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris. Accessible directement depuis le trottoir, et bien protégé des intempéries. Christian Page y passait ses nuits depuis le mois de janvier. "Ici, il y avait des galets sur le sol, c'était fait pour qu'on ne puisse pas s'installer. Mais avec trois couvertures, ça faisait un petit duvet et c'était pas trop mal. J'étais bien", confie-t-il à franceinfo.
Mais un soir de mai, ce SDF de 45 ans s'est retrouvé face à une vitre en Plexiglas. Sans doute indisposée par la présence d'un intrus, la copropriété a constaté que l'inconfort des galets coulés dans le béton n'était pas suffisamment dissuasif. Et a donc décidé de faire fermer le recoin.
Privé de domicile depuis avril 2015, Christian doit sans cesse composer avec ces obstacles posés dans le seul but d'empêcher les sans-abri de s'installer. En trois ans, il a eu le temps de croiser le chemin de dizaines de grilles en métal, de bacs à fleurs, de piques… "Le coup de la vitre en Plexiglas, je ne l'avais encore jamais vu !" s'exclame-t-il, dépité. Pour se rendre compte du phénomène, franceinfo a arpenté le quartier des Grands boulevards, à Paris, à la fin mai.
Des dispositifs dénoncés sur les réseaux sociaux
Christian, ce "SDF 2.0" comme il se décrit lui-même, suivi par près de 30 000 personnes sur Twitter, s'est fait connaître en dénonçant ces dispositifs. Il y a cinq mois, le jour de Noël, il avait ainsi signalé la présence de barrières posées sur une bouche d'aération soufflant de l'air chaud. Avec succès, puisque la mairie de Paris les avait fait enlever dans les quarante-huit heures.
Salut à tous
— Page (@Pagechris75) 25 décembre 2017
Rue de Meaux 75019
Grilles d'air chaud ou parfois se posaient les #SDF. Sauf que maintenant voilà #soyonshumains @Abbe_Pierre
Sinon venez cet aprèm' à 15h M° Varennes avec le DAL... Histoire de se faire entendre @federationdal
Joyeux Noël pic.twitter.com/DRSAMBmQzb
Merci pour votre signalement. La Maire de Paris a aussitôt diligenté une enquête. Il s'est avéré que ces barrières ont été posées il y a 7 ans, "pour éviter les squats" (sic). Anne Hidalgo a demandé qu'elles soient retirées sans délais.
— Matthieu (@mr_matth) 26 décembre 2017
Christian n'est pas le seul à lutter contre ces installations. Fin 2017, la Fondation Abbé-Pierre a lancé la campagne "SoyonsHumains" sur les réseaux sociaux, avec une carte participative recensant les principaux cas de mobilier anti-SDF.
"Chaque fois qu’un mobilier municipal pouvant s’apparenter à une installation anti-SDF est découvert, nous diligentons une enquête pour identifier la date d’installation et la fonction exacte du mobilier en question, explique la mairie de Paris, interrogée par franceinfo. Dans certains cas, il s’agit de dispositifs de sécurité qui ont lieu d’être, d’autres fois de dispositifs visant à prévenir des dépôts sauvages de déchets. D’autres fois, le mobilier n’a pas de justification valable et est alors retiré."
Une pratique qui s'intensifie, selon la Fondation Abbé-Pierre
A Paris, la voie publique (qui dépend de la municipalité) serait donc dépourvue d'installations anti-SDF. Il en va différemment des devantures de commerces ou des façades d'immeubles, sur lesquels la mairie ne peut pas intervenir. "La Ville de Paris n’a pas de pouvoir de contrainte à l’égard du propriétaire en question. Elle l’alerte toutefois sur l’absence de justification de ce mobilier, par exemple en lui adressant un courrier", assure-t-elle.
Si la pose de mobilier anti-SDF n'est pas nouvelle, elle s'intensifie, selon le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Christophe Robert. "Ça se fait dans de plus en plus de villes, de plus en plus d'espaces, de plus en plus de commerces, de façades… On est bien dans une logique qui consiste à dire : 'Si ça pouvait être un petit peu plus loin qu'ici…'" déplore-t-il.
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