Hausse du nombre de SDF à Paris : "L'Etat désinvestit la question de l'hébergement d'urgence et ne souhaite pas créer de nouvelles places", déplore une maire adjointe
Selon Léa Filoche, il y a "à la fois plus de personnes qui appellent le Samu social pour demander de l'hébergement d'urgence et une baisse du nombre de places dans les centres d'hébergement d'urgence à Paris."
À Paris, plus de 3 000 personnes dorment et vivent dans la rue, un chiffre en hausse de 16% par rapport à 2022, selon le dernier recensement de la Nuit de la Solidarité, une opération menée tous les ans par la mairie de Paris. "L'État désinvestit la question de l'hébergement d'urgence et ne souhaite pas créer de nouvelles places", déplore sur franceinfo Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités.
franceinfo. Cet hiver commence encore plus mal que les hivers précédents ?
Léa Filoche. Absolument. On a tous les signaux qui sont au rouge, que ce soit d'un point de vue de la fréquentation des accueils de jour, des distributions alimentaires, des bagageries ou des demandes de rendez-vous avec des travailleurs sociaux. Malheureusement, on commence à s'y habituer, même si on ne s'y résigne pas. Ce qui nous alerte beaucoup plus cette année par rapport aux années précédentes, et qui est peut-être plus grave dans la manière dont, aujourd'hui, l'État ne se préoccupe pas de ce sujet, c'est la question des familles à la rue, qui pose une forte inquiétude, notamment parce qu'il nous semble assez insupportable que dans la 7e puissance mondiale, il y ait autour de 400 enfants qui dorment dehors dans les rues parisiennes.
Le problème c'est autant le manque d'hébergement d'urgence et de logements sociaux qu'une absence de mobilisation au niveau du gouvernement ?
Il y a un combo, c'est-à-dire qu'on a à la fois plus de personnes qui appellent le Samu social pour demander de l'hébergement d'urgence et une baisse du nombre de places dans les centres d'hébergement d'urgence à Paris. Donc forcément, ça ne peut pas rentrer, ça crée forcément des gens qui dorment dehors et des familles entières, dans des conditions dramatiques. Donc oui, on demande qu'il y ait plus d'hébergements d'urgence qui soient ouverts en attendant que les personnes puissent rentrer dans des parcours qui pourraient mener jusqu'au logement social. Mais des lieux vides à Paris pour pouvoir faire de l'hébergement d'urgence, il y en a : des hôpitaux vides, des hôtels vides, des bureaux vides. Donc ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas d'espace pour faire de l'hébergement d'urgence à Paris. Par contre, il faut des moyens supplémentaires. Et ce qu'on constate aujourd'hui dans Paris intra-muros, c'est que l'Etat désinvestit la question de l'hébergement d'urgence et ne souhaite pas créer de nouvelles places. Et donc ça crée évidemment des dichotomies complètement délirantes qui mettent tout le monde en danger et en particulier des familles et leurs enfants.
Ce que l'État ne fait pas, la mairie ne peut pas le faire ?
On a réquisitionné le lycée Suzanne Valadon dans le 18ᵉ arrondissement pour y héberger des familles qui dormaient jusque-là dans les écoles du 18ᵉ arrondissement. Donc oui, on le fait, mais on ne souhaite pas le faire. On ne souhaite pas que les collectivités locales prennent en charge la question de l'hébergement d'urgence, pour plein de raisons, mais la première, c'est le fait que l'Etat en soit responsable, ça permet de garantir l'égalité de traitement de toutes les personnes qui ont besoin d'un hébergement d'urgence sur le territoire national. Si ces compétences passent aux collectivités, y compris d'un point de vue budgétaire ça pose plein de problèmes, notamment dans la manière dont on régule la question de l'hébergement d'urgence sur le territoire national. Ce dont on a besoin, ce n'est pas que l'Etat fasse un transfert non-dit de charge de la question de l'hébergement d'urgence aux collectivités, c'est que l'Etat mette en place un plan national de construction et d'obligation de création de places d'hébergement d'urgence sur l'entièreté des collectivités de France.
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