Canicule : "La chaleur dégrade fortement la situation sanitaire des personnes à la rue"
Malik Berkani, délégué national à la lutte contre les exclusions à la Croix-Rouge française, rappelle que les étés sont aussi meurtriers que les hivers pour les personnes sans-abri, en raison de la diminution des capacités d'accueil.
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"Il faut imaginer que certaines personnes qui sont à la rue n'ont pas les capacités de se rafraîchir ou d'enlever leurs affaires", a indiqué Malik Berkani, délégué national à la lutte contre les exclusions à la Croix-Rouge française. Les périodes de canicule, comme celle que connaissent plusieurs départements de France depuis quelques jours, ont un impact sur les personnes sans domicile fixe. L'été est "aussi meurtrier pour ces personnes, et on pourrait dire même plus" que l'hiver, précise Malik Berkani.
franceinfo : Est-ce que des initiatives comme les bancs rafraichis, testés par la mairie de Paris, peuvent-ils aussi aider les démunis ?
Malik Berkani : Toutes les initiatives sont bien entendu les bienvenues. Il faut rappeler qu'en cette période, la chaleur dégrade fortement la situation sanitaire des personnes à la rue : la déshydratation, qui peut être aggravée en cas de consommation d'alcool ou de médicaments, et aussi l'hyperthermie, qui est une élévation anormale de la température du corps. Mais je tiens à rappeler que la problématique des personnes à la rue n'est pas la chaleur mais le fait même d'être à la rue.
L'été peut-il être aussi meurtrier que l'hiver pour ces personnes ?
L'été est aussi meurtrier pour ces personnes, et on pourrait dire même plus. Non pas en raison des températures, plus chaudes en été, plus froides en hiver, mais du fait des baisses des dispositifs. C'est-à-dire que vous avez, en période hivernale, un accroissement des capacités d'accueil : on parle des accueils de jour, des places d'hébergement, or certains de ces dispositifs ferment après la période hivernale. Vous avez donc des personnes qui aujourd'hui se retrouvent à la rue sans possibilité d'accéder à un hébergement, sans possibilité de se rafraîchir ou d'aller à un accueil de jour pour prendre une douche. Il faut imaginer que certaines de ces personnes n'ont pas les capacités de se rafraîchir ou d'enlever leurs affaires.
Il y a peut-être également moins de mobilisation des citoyens ?
Oui, nous le voyons au travers des actions que l'on mène dans le cadre des Samu sociaux à la Croix-Rouge française : nos Samu interviennent aujourd'hui dans 77 départements en France, soit plus de 270 maraudes qui tournent toute l'année. On a aussi plus de difficultés à avoir des bénévoles l'été que l'hiver. L'hiver, c'est vrai qu'il y a des campagnes de pub et, naturellement, parce qu'il fait froid, les personnes pensent à venir aider.
Comment, à la Croix-Rouge, venez-vous en aide aux personnes à la rue pendant ces périodes de forte chaleur ?
On renforce nos maraudes, bénévoles et professionnelles. On fait de la distribution d'eau pour les personnes, on fait le lien avec le 115 et le 15. On fait des distributions de kits d'hygiène, le premier nécessaire pour les personnes, et on les accompagne quand on peut dans les accueils de jour. La Croix-Rouge et les maraudes du Samu social font vraiment le lien entre les personnes qui sont à la rue et les dispositifs d'urgence.
En tant que simple citoyen, que peut-on faire quand on croise des personnes à la rue qui souffrent de la chaleur ?
Une distribution de bouteilles d'eau, si on en a la possibilité, c'est aussi l'affaire de tous. Et c'est faire le 115, qui vous mettra en lien, pour pouvoir alerter, dire "en tant que citoyen, je vois une personne qui est à la rue". Enfin, si nécessaire, faire le lien avec le 15.
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