Reportage "Je ne suis pas sûr que les deux arrivent à matcher" : au Salon de l'agriculture, les Écologistes tentent de se rapprocher des agriculteurs

Une délégation écologiste, composée de Marine Tondelier et d'élus, est au Salon de l'agriculture, mardi, pour démontrer qu'écologie et agriculture sont compatibles. Mais certains professionnels restent sceptiques.

Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, discute avec un agriculteur au Salon de l'agriculture, le 25 février 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)
Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, discute avec un agriculteur au Salon de l'agriculture, le 25 février 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)

"Non, les écologistes ne sont pas les ennemis d'agriculteurs. Et non, les agriculteurs ne sont pas, normalement, les ennemis de l'écologie", a déclaré Marine Tondelier, vêtue de sa célèbre veste verte dans les allées du Salon de l'agriculture, mardi 25 février, accompagnée de députés et sénateurs écologistes. Les Verts sont souvent critiqués par les agriculteurs car ils souhaitent plus de régulations dans le secteur. Quant aux écologistes, ils estiment que productivité agricole et écologie peuvent cohabiter, mais la question divise certains agriculteurs et visiteurs croisés au Salon.

L'idée de réconcilier productivité et écologie fait légèrement froncer les sourcils de Tom, agriculteur dans le Morbihan. "Je ne suis pas sûr que les deux arrivent à matcher", dit celui qui n'est pas vraiment enchanté de croiser Marine Tondelier et les autres élus écologistes dans les allées du Salon de l'agriculture.

"Ce n'est pas pour le plaisir d'épandre des produits phytosanitaires sur les terres."

Tom, agriculteur breton

à franceinfo

Avec son collègue Arthur, ils trouvent que les Verts stigmatisent les agriculteurs, notamment sur leur usage des pesticides. "On ne peut plus prendre le polluant pour le plaisir. Aujourd'hui, si on le sort, c'est vraiment juste pour soigner les plantes", souligne l'un. "Je pense que les écolos, c'est ce qu'ils pensent, rétorque l'autre, alors qu'on traite avec des demi-doses et des quarts de dose."

Pour les deux hommes, les agriculteurs n'ont plus d'autre choix aujourd'hui que de faire du volume : "Parce qu'on est de plus en plus de monde sur la terre et de moins en moins d'agriculteurs. Il y a de plus en plus de monde donc, il faut les nourrir."

"L'élevage n'est pas anti-écologique"

Quelques stands plus loin, la délégation des écologistes reçoit un accueil plus chaleureux devant quelques vaches nantaises, la pointe de leurs cornes noire et à la robe gris perle. Les éleveurs de cette race défendent une agriculture plus responsable et respectueuse des écosystèmes, selon eux. "L'élevage n'est pas anti-écologique, loin de là", jure Pierrick Boireau salarié de la filière. Au contraire, si vous faites de la monoculture de céréales, vous n'aurez pas de biodiversité. L'élevage amène de la biodiversité. Sur le bilan carbone, on a des fermes qui produisent avec des bilans carbone positifs, c'est-à-dire qu'elles stockent plus de carbone qu'ils n'en émettent."

La vache nantaise est une race dites à petits effectifs. Il y a seulement environ 1 300 têtes sur le territoire, loin de l'agriculture intensive donc. Mais cela fonctionne, assure Pierrick Boireau. "Nous avons 23 nouveaux éleveurs qui se sont installés sur les trois dernières années en vaches nantaises. Je pense que c'est viable parce que sinon ils ne le feraient pas. Ce ne sont pas juste des écolos bobos qui s'installent avec 10 hectares, on est sur des projets vraiment viables."

Pour le député vert Benoît Biteau, cela signifie qu'écologie et agriculture sont compatibles : "Et ce n'est pas un écolo avec sa grosse moustache, sa queue-de-cheval et sa boucle d'oreille qui vous raconte ça. C'est précisément ce que dit la Commission européenne : ce qui menace aujourd'hui la souveraineté alimentaire, ce n'est pas la suppression d'une nouvelle molécule de pesticides, c'est le dérèglement climatique, c'est l'effondrement de la biodiversité." Selon l'élu, il y a un lien clair entre effondrement de la biodiversité et baisse de la productivité agricole.

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