Réseaux sociaux : épicier, il tente de sauver son commerce… en chantant

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Article rédigé par France 2 - L. Chavy, V. Heurtel, M. Cayot, F. Cotenceau, J. Le Clanche, I. Pecquet-Delacroix. Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Pour son reportage "Une idée pour la France" du jeudi 10 juillet, la journaliste Valérie Heurtel a rencontré un épicier qui fait le buzz sur les réseaux sociaux pour sauver sa boutique. Installé dans un petit village de Mayenne près de Sablé-sur-Sarthe, il s'est mis à poster de petites vidéos dans lesquelles il raconte son quotidien et fait la publicité de ses produits.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Installé il y a six ans à Bierné-les-Villages (Mayenne), un petit village près de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), Hugo Mocques, épicier, s'est mis à poster des petites vidéos dans lesquelles il raconte son quotidien. Il vante aussi ses produits sur des airs connus, espérant faire venir de nouveaux clients.

Des pubs en forme de parodies. Un humour décalé. Partager ses galères avec ses abonnés... C'est la recette d'Hugo pour sauver sa boutique. Avec 30 000 abonnés sur les réseaux sociaux, l'épicier est une vedette. Et ses clients, ses premiers fans. "Je le suis, oui, je suis toutes ses publications", reconnaît une femme venue faire ses courses. À Bierné, 700 habitants, jusqu'à présent, c'était l'église du XIe siècle qui faisait le buzz. Désormais, c'est Hugo.

Jusqu'à 2 millions de vues par vidéo

Chercher l'inspiration autour d'une boîte de sardines, ça ne lui fait pas peur. "Ce ne sont pas des textes à la Jean-Jacques Goldman. Voilà, ce sont des trucs assez basiques, mais j'essaie de faire des rimes", nous confie-t-il, alors qu'il compose sur un petit cahier. Un bon slogan, des accroches, ça fait vendre et ça le sort de la boutique. "Je m'éclate, ce sont 5 minutes d'éclate tous les jours. Je suis sur tous les fronts : j'enregistre ma vidéo, je cours et un client est à la caisse", explique Hugo, en pleine journée de travail.

Le décor est tout trouvé : ce seront les rayons. "J'ai plus qu'à la lancer sur les réseaux. Je suis à 2 000 vues par vidéo, mais des fois, c'est jusqu'à 2 millions", constate le commerçant, ravi. Des pubs comme celle-ci, en cinq ans, il en a posté plus de 500. Les sodas, les biscuits, les brosses à dents, tout y passe. L'épicier partage aussi ces moments de doute. "Pour 75 heures de boulot par mois, je suis à 1 000 euros de salaire net", explique-t-il à ses abonnés. Certains commentaires sont moqueurs, mais il ne retient que les encouragements. L'hiver dernier, déjà, Hugo nous avait confié ses difficultés. Il a eu beau multiplier les promos, livrer à domicile, faire relais-colis. Les clients sont encore trop rares et les fins de mois difficiles.

"À la fin du mois, il ne me reste rien"

"On a des charges qui nous tombent dessus depuis quelques années, sans cesse en augmentation. (...) Si on calcule tout bout à bout, à la fin du mois, il ne me reste rien", déplore l'épicier. Avant lui, d'autres ont connu les mêmes difficultés. Au grand regret de la maire, le coiffeur et le boulanger ont mis la clé sous la porte. Alors ici, le combat d'Hugo force l'admiration."Il a fait revenir une clientèle plus jeune dans son magasin. C'est du lien social, ce sont des lieux où on se retrouve", salue Marie-Noëlle Tribondeau, maire PS de Bierné-les-Villages.

Et il épate aussi les commerçants de la région. Désormais célèbre, l'épicerie d'Hugo attire de nouveaux clients, des fans, comme Cédric. Une fois par mois, il dévalise la boutique. C'est sa façon à lui de soutenir le petit commerce. "Certains sont même devenus des amis", confie Hugo.

La recette d'une "clientèle plus jeune"

Hugo attire la sympathie, mais les réseaux sociaux font-ils vraiment grimper les ventes ? "Alors, ce qui est sûr, c'est que ça attire une clientèle plus jeune qui, spontanément, irait plutôt au supermarché", explique Valérie Heurtel. "Regardez, il y a une dizaine d'années, Maxime a ouvert une boutique de bonbons anglais à Angers. Et depuis qu'il s'est mis à faire des vidéos, ses ventes se sont envolées, et grâce à ses 700 000 abonnés sur TikTok, il a pu ouvrir plusieurs magasins", cite-t-elle en exemple. Même chose pour "Claude Luisier, un fromager suisse qui cartonne sur les réseaux sociaux" avec ses vidéos explicatives sur les fromages.

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