Reportage "Toute notre histoire est liée à Aulnay-sous-Bois" : cette commune sans maternité laisse les parents la déclarer comme lieu de naissance de leurs enfants

En France, la déclaration à l'état civil est faite à la mairie du lieu de naissance. Ce qui conduit à une concentration des naissances dans seulement 500 communes, celles qui conservent une maternité. À Aulnay-sous-Bois, il est possible de déclarer la ville comme lieu de naissance, même si l'enfant n'y est pas né.

Article rédigé par Arthur Fradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La maternité d'Aulnay-sous-Bois a fermé en 1974. (ALAIN DELPEY / MAXPPP)
La maternité d'Aulnay-sous-Bois a fermé en 1974. (ALAIN DELPEY / MAXPPP)

Et si le lieu de naissance inscrit sur la carte d'identité de vos futurs enfants n'était plus forcément celui de leur maternité de naissance, mais résultait d'un choix, comme le lieu de résidence principal, ou celui auquel on est le plus attaché ? La question se pose alors que deux tiers des maternités ont fermé en France en cinquante ans. De fait, 99% des accouchements ont lieu dans moins de 500 communes. En conséquence, de nombreuses villes n'ont plus enregistré une naissance depuis des décennies. La perspective d'une proposition de loi et l'initiative prise par la ville d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, relancent le débat.

Depuis 1974, il n'y a plus de maternité à Aulnay-sous-Bois. La plus proche est située dans la commune voisine, à Villepinte. Michelle, qui fait ses emplettes sur le marché et promène son petit yorkshire, en sait quelque chose, sa "fille est née à l'hôpital Robert-Ballanger." Sur sa carte d'identité, "c'était marqué Villepinte, alors qu'on est d'Aulnay, nous !" témoigne-t-elle avec passion.

Ce sujet n'est pas anodin pour de nombreux Aulnaysiens et Bruno Beschizza a donc décidé de s'en saisir. Le maire Les Républicains a pris une délibération au printemps pour permettre aux parents de déclarer leurs enfants à l'état civil de la mairie, malgré l'absence de maternité. "On a toujours du mal à comprendre que beaucoup d'habitants de villes comme Aulnay-sous-Bois y sont attachés. On a un esprit village, paradoxalement, dans des villes qui font plus de 90 000 habitants. Et quand on réussit à convaincre l'Etat, le procureur de la République, du bien-fondé d'une demande populaire, on est satisfaits", se réjouit l'élu.

"Ça ferait partie de notre histoire"

Mathilde et son conjoint, dont le fils est né il y a quelques mois au Blanc-Mesnil, une autre commune voisine, se disent également satisfaits. "On est tous les deux issus de familles aulnaysiennes, ça fait cinq générations que nos familles habitent à Aulnay" raconte la jeune maman. "Toute notre histoire est liée à Aulnay-sous-Bois. C'est pour ça que ça ferait partie de notre histoire que notre prochain enfant ait son lieu de naissance à Aulnay-sous-Bois" s'imagine-t-elle.

Bientôt, l'initiative pourrait faire des petits un peu partout en France. C'est en tout cas la volonté du sénateur UDI Hervé Marseille, auteur d'une première proposition de loi freinée par le Covid en 2019. "Dans le passé, il y avait des femmes qui accouchaient dans leur village. Il y a une espèce de globalisation des naissances aux mêmes endroits. On vous donne un lieu de naissance qui est Bordeaux, Lyon, là où il y a des structures médicales. Vous perdez le lien avec la petite commune qui a vu naître vos parents, vos grands-parents et vous perdez votre filiation familiale. C'est la raison pour laquelle je vais m'efforcer de faire en sorte que ça puisse être discuté à l'Assemblée nationale et j'espère pouvoir aboutir dans les mois qui viennent", plaide le sénateur.

Environ 200 bébés ont déjà obtenu la mention "né à Aulnay-sous-Bois", sur leur carte d'identité en quatre mois.

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