: Reportage "Tout ce qu'on veut, c'est un toit où dormir" : l'occupation de La Gaîté Lyrique par 300 jeunes migrants se poursuit à Paris
La mairie demande à l'Etat de se mobiliser pour trouver une solution d'hébergement pour les 300 jeunes migrants qui occupent, depuis un mois, le théâtre de la Gaîté Lyrique à Paris.
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Plus de 300 jeunes migrants vivent, depuis un mois, dans la salle de spectacle La Gaîté Lyrique, à Paris dans le 3e arrondissement. Ils viennent d'Afrique subsaharienne, ils se disent mineurs isolés et ils ont monté eux-mêmes un "collectif des jeunes du parc de Belleville", pour demander une solution d'hébergement et la reconnaissance de leur minorité. Ils ont déposé des recours en ce sens, mais la procédure peut prendre plusieurs mois, jusqu’à un an. "Presque tous ici n’avons pas été reconnus mineurs par le département, et nous avons tous déposé des recours mais c’est très très très long, c’est ça le problème", explique Barry, venu de Guinée, qui a passé des semaines à dormir dans la rue. Il dort ici depuis début décembre.
À l'entrée du bâtiment, le panneau n'a pas bougé depuis un mois, il indique : "Fermeture de La Gaîté Lyrique". Avec le froid, de plus en plus de jeunes rejoignent l’occupation du lieu culturel dans des conditions sanitaires alarmantes. À l'étage, on aperçoit des couvertures par terre. Les jeunes migrants dorment à même le sol. "Ce n’est pas facile d'être là. Il n'y a plus de place, il fait chaud, tout le monde est malade, dit Barry. Certains ici n'arrivent même pas à se lever. On n'a pas de douche où se laver." Il demande une solution d'hébergement digne : "Tout ce qu'on veut, c'est un toit où dormir."
Mais la situation s’enlise. Juliette Donadieu, directrice générale de La Gaîté Lyrique, ne cesse d’alerter les autorités : "On est inquiets de la situation. On alerte les autorités sur une situation qui n'est pas tenable, qui est inacceptable et en même temps, on ne peut pas mettre à la rue 300 personnes en plein hiver. En revanche, nous n'avons aucune solution qui a été proposée."
"Nous avons besoin de l'Etat pour la réquisition de lieux"
Une crise d'abord humanitaire mais aussi économique pour ce lieu culturel : "Plus de 300 personnes sont installées au premier étage qui était, habituellement, notre espace ouvert, avec des expositions gratuites, avec un studio de podcasts, avec des espaces de débats... Tout ça est en arrêt total. Le bâtiment est fermé jusqu'à nouvel ordre et tous les événements sont annulés à 15 jours."
"Qu’est-ce qu'on attend pour agir ? Pour pouvoir trouver une solution de mise à l’abri pour ces personnes ?"
Juliette Donadieu, directrice de La Gaîté Lyriqueà franceinfo
La Gaîté Lyrique est en discussion quotidienne avec la mairie de Paris, mais toujours pas de lieu pour ces 300 jeunes. Léa Filoche, adjointe en charge des solidarités et de l’hébergement d’urgence, pointe la responsabilité de l’Etat : "La ville de Paris n'a pas de pouvoir de réquisition, sauf sur ses propres bâtiments, ce que nous avons déjà fait. Aujourd'hui, nous avons sept lieux, répartis sur le territoire parisien, qui accueillent 760 personnes. Mais on voit bien que c'est insuffisant, c'est pourquoi nous avons besoin de l'Etat pour la réquisition de lieux que nous avons déjà listés : des anciens lycées, des hôtels vides... Des lieux dans Paris, il y en a plein. Le sujet il n’est pas tant des lieux que du choix politique que le gouvernement fait vis-à-vis de l'accueil de personnes en situation de migration." Contactée, la préfecture n'a pas répondu à nos sollicitations.
Ian Brossat : "L'Etat ne joue pas le jeu"
Pour le sénateur Ian Brossat, coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris, "il est grand temps que l'État prenne ses responsabilités et propose des solutions d'hébergement à ces jeunes". De nombreux bâtiments vides dans Paris pourraient, selon lui, accueillir ces migrants. "On a des bâtiments qui sont identifiés et une commune comme Paris n'a pas la possibilité de les réquisitionner, puisque c'est une compétence du préfet", regrette-t-il sur franceinfo samedi 18 janvier. En tant que sénateur, Ian Brossat a déposé une proposition de loi qui vise à donner ce pouvoir aux communes.
La ville de Paris est propriétaire des gymnases dans la capitale. Elle pourrait donc ouvrir l'un d'eux, mais veut le soutien de l'État : "La ville de Paris mobilise déjà sept bâtiments qui lui appartiennent pour faire de l'hébergement d'urgence, mais le fonctionnement de ces centres, le financement des associations qui les gère, ça relève de l'État".
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