Prisons : les structures d'accompagnement vers la sortie sont "un dispositif intéressant mais qui ne profite qu'à très peu", estime le directeur de l'OIP

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a inauguré jeudi une nouvelle SAS à Colmar. Ces nouveaux établissements sont censés faire un trait d'union entre la vie carcérale et la vie civile, afin de faciliter la réinsertion des détenus.

Article rédigé par franceinfo - avec ICI ALSACE
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Gérald Darmanin a inauguré le 12 juin 2025 en Alsace la nouvelle structure d'accompagnement vers la sortie (SAS) de Colmar. (HERVÉ KIELWASSER / MAXPPP)
Gérald Darmanin a inauguré le 12 juin 2025 en Alsace la nouvelle structure d'accompagnement vers la sortie (SAS) de Colmar. (HERVÉ KIELWASSER / MAXPPP)

Les structures d'accompagnement vers la sortie (SAS) sont "un dispositif qui est intéressant mais qui malheureusement ne profite qu'à très peu de personnes", observe vendredi 13 juin sur ICI Alsace (ex-France Bleu) Jean-Claude Mas, le directeur de l'Observatoire international des prisons (OIP), au lendemain de la visite du garde des Sceaux Gérald Darmanin en Alsace pour inaugurer la nouvelle SAS du Haut-Rhin à Colmar.

Les SAS sont de nouveaux établissements censés faire un trait d'union entre la vie carcérale et la vie civile, afin de faciliter la réinsertion des détenus et éviter la récidive. Les prisonniers en fin de peine pourront y suivre des ateliers quotidiens sur l'emploi, l'accompagnement au logement, une formation informatique... "C'est un dispositif qui en soi est intéressant, estime Jean-Claude Mas. Ça évite des sorties sèches, qui font que les gens sortent sans accompagnement vers la réinsertion et peuvent contribuer à un risque de récidive s’il n'y a pas cet accompagnement renforcé".

Plus de la moitié des détenus récidivent à la sortie

Entre 50 et 70% des détenus récidivent à leur sortie de prison, selon un chiffre du ministre de la Justice, "dans les cinq ans", précise Jean-Claude Mas. "34% au bout d'un an et dans les cinq ans environ 50 à 60%. Donc, c'est sûr que ces structures d'accompagnement à la sortie permettent de pouvoir bénéficier d'une évaluation individuelle, d'être encouragé dans des démarches administratives, professionnelles de santé, de lien avec les familles", reconnaît-il. Le détenu "travaille sur l'autonomisation, sur la possibilité de pouvoir suivre des formations et puis le régime en tant que tel de détention est assoupli", complète Jean-Claude Mas.

Mais selon lui, ce dispositif est encore insuffisant. "Ça fera au maximum 2 000 places ou un peu plus qui sont envisagées, alors qu'il y a plus de 83 000 personnes détenues", déplore-t-il.

"Ça ne pourrait bénéficier qu'à 2 ou 3% des personnes détenues aujourd'hui. On est quand même loin du compte en termes de solutions pour l'ensemble des personnes."

Jean-Claude Mas, directeur de l'Observatoire international des prisons

à ICI ALSACE

Pour le directeur de l'OIP, c'est d'abord "un coup de com' aussi, puisque le maximum des moyens par l'administration pénitentiaire pour faire justice vont plutôt à des logiques de construction de nouvelles places de prison classiques, alors qu'on sait que plus on construit de places, plus on enferme". Il estime que "les moyens devraient être ciblés et centrés sur ce type de dispositif, si on veut vraiment lutter contre la récidive".

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