"J'étais au bout de ma vie, j'ai voulu fuir mes responsabilités" : quand la détention mène au suicide

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Article rédigé par Antonin Bodiguel
France Télévisions

En détention, le risque de suicide est 10 fois plus élevé que dans la population générale. Pour les femmes, il est même multiplié par 40. Face à cette détresse, l’association SOS Amitié a mis en place une ligne d’écoute anonyme accessible aux détenus.

Selon une enquête de Santé publique France, le milieu carcéral connaît un haut risque suicidaire, l'isolement, la surpopulation et le manque de perspectives exacerbant la vulnérabilité des détenus. En 2023, 157 suicides de personnes écrouées ont été déplorés, contre 139 en 2022, illustrant une tendance à la hausse.

La mise en place d'une ligne d'écoute confidentielle par SOS Amitié représente l'une des réponses à la détresse des détenus. Avec plus de 1 600 appels enregistrés, depuis sa mise en place en janvier 2025, cette ligne témoigne du besoin urgent de soutien psychologique en milieu carcéral. "Ce sont des lignes particulières, ni écoutées ni enregistrées, détaille Blandine Frémondière, à l'origine de cette initiatives, soulignant l'importance de l'anonymat pour permettre aux détenus de s'exprimer librement. Les déténus ne sont pas stigmatisés. S'ils veulent nous dire qu'ils sont incarcérés, ils peuvent, sinon il n'y a pas de problème", insiste-t-elle.

Pour cette bénévole de l'association SOS Amitié, les conditions de détention demeurent un facteur aggravant majeur. "Une journée d'un taulard, c'est 22 heures sur 24 dans 9m². Dans le meilleur des cas, seul, mais parfois à deux ou trois par cellule. Donc effectivement, il y a quoi devenir un peu foldingue", rappelle cette ex-enseignante de français en milieu carcéral.

"J'ai voulu me suicider"

Cet enfermement Khaled Miloudi le connait bien. Cet ancien braqueur multirécidiviste a vécu près de 25 ans derrière les barreaux . "J'étais au bout de ma vie et à un moment j'ai voulu fuir mes responsabilités et me suicider", affirme fébrilement Khaled qui reconnait avoir vu "trois, quatre détenus se suicider sur des établissments différents", lors de sa peine. S'il a aujourd’hui a purgé sa peine, il milite pour une meilleure prise en charge des détenus, notamment à travers des ateliers d'écriture et de poésie qui lui ont permis de "survivre".

En réponse, depuis 2009, un plan national tente de prévenir les suicides en prison. Le personnel pénitentiaire est formé à détecter les signaux d'alerte, et des codétenus de soutien ont été mis en place dans certains établissements. Des dispositifs qui vienntn toutefois se heurter aux problèmes de la surpopulation carcérale et du manque de moyens.

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