Reportage "On a besoin de deux fois plus" de dons de gamètes : face à la demande de PMA, une campagne mobile

Pendant un mois, un bus de l'Agence de biomédecine va sillonner la France avec sa campagne "Faites des parents".

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Du 17 septembre au 17 octobre 2025, l’Agence de la biomédecine repart sur les routes de France pour la deuxième édition de son tour #FaitesDesParents. (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Du 17 septembre au 17 octobre 2025, l’Agence de la biomédecine repart sur les routes de France pour la deuxième édition de son tour #FaitesDesParents. (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La France manque toujours cruellement de donneurs de sperme et d'ovules. Plus de 13 000 femmes attendent un don. Les demandes ont explosé depuis que la loi a ouvert la PMA aux femmes seules ou en couple. Pour inciter à faire des dons, l'Agence de la biomédecine lance, mercredi 17 septembre, une campagne nationale intitulée "Faites des parents". Pendant un mois, un bus va sillonner la France et s'installer dans dix villes, en commençant par la capitale.

"Bonjour, c'est pour faire des parents." Avec son t-shirt violet, Lola part à la chasse de potentiels donneurs, devant la gare Montparnasse à Paris. Elle vise les hommes de 18 à 44 ans et les femmes de 18 à 37 ans, ce sont les tranches d'âge pour donner son sperme ou ses ovocytes. Il y a beaucoup d'informations à communiquer, à commencer par le processus qui peut en refroidir certains.

"Toute personne qui décide de faire un don doit prendre en compte le fait que ça va prendre du temps, explique la biologiste Céline Chalas, qui reçoit les volontaires au centre de don de l'hôpital Cochin à Paris. Ce n'est pas juste venir une fois donner ses spermatozoïdes, c'est avoir plusieurs entretiens avec un biologiste, avec un psychologue. C'est faire plusieurs recueils de sperme, des prises de sang. Pour le don d'ovocytes, là, c'est une démarche qui est plus difficile dans la mesure où la femme va devoir faire une stimulation hormonale et une ponction. Donc c'est beaucoup plus invasif qu'un don de spermatozoïdes."

Les donneurs doivent être en bonne santé et être de toutes les origines. C'est d'ailleurs la première raison qui a poussé Aminata à donner ses ovocytes : "J'ai été motivée par un membre de ma famille qui souffre d'infertilité. Et la seconde, c'est que je suis d'origine afro descendante. Et, quand j'ai appris que c'était possible, je me sentais un peu investie d'une mission."

Un "boom" de la PMA depuis quatre ans

Les demandes de gamètes ont explosé depuis 2021. "Il y a quatre ans a été votée une loi qui a permis aux couples de femmes et aux femmes seules d'avoir accès à la PMA et au don de spermatozoïdes, rappelle la docteure Claire de Vienne, qui travaille à l'Agence de la biomédecine. Et on ne s'attendait pas à ça, mais il y a eu un boom. Le nombre de demandes a été multiplié par huit et le nombre de donneurs a un peu augmenté, mais pas assez. Donc on a besoin qu'il y ait deux fois plus d'hommes et deux fois plus de femmes qui viennent faire ces dons."

Devant la gare Montparnasse, Victor et Lucas répondent au quiz que leur a donné Lola, la bénévole. "Une personne née avec mon don peut-elle avoir accès à mon identité ?, lisent-ils à voix haute. Très bonne question. Oui, à partir de sa majorité." Et une fois le quiz terminé, Victor est presque convaincu : "Je ne pourrais pas vous dire oui ou non à l'heure actuelle, mais pourquoi pas." L'Agence de la biomédecine rappelle que "chaque année, seulement 1 600 donneurs et donneuses franchissent le pas."

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