Réseau de pédocriminalité démantelé en France : des "pères de famille" et des "profils à haut risque", selon l'Office des mineurs
"C'est monsieur Tout-le-Monde", explique le commissaire Quentin Bevan sur franceinfo, après le démantèlement d'un réseau français de pédocriminalité officiant via la messagerie cryptée Telegram par l'Office des mineurs (Ofmin) au terme de dix mois d'enquête.
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Ils échangeaient des contenus pédopornographiques, tout en évoquant, pour certains, de possibles viols ou agressions sexuelles. Un réseau français de pédocriminalité officiant via la messagerie cryptée Telegram a été démantelé entre lundi et jeudi 22 mai, a annoncé l'Office des mineurs (Ofmin) au terme de dix mois d'enquête.
Ces 55 hommes âgés de 25 à 75 ans, parmi lesquels un évêque, des "bons pères de famille", ou encore un professeur de musique, ont été interpellés dans toute la France. L'enquête, lancée il y a dix mois, s'est appuyée sur les échanges de ces individus via la messagerie cryptée Telegram. Tous étaient en lien avec un pédocriminel déjà incarcéré. Ils ont tous des "profils à haut risque", expliquait le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel de l'Office central de lutte contre les violences faites aux mineurs (Ofmin).
Selon lui, cette opération illustre la difficulté de détecter ce type de criminalité : "C'est une criminalité qui n'a pas de frontières. Elle est très internationale et touche toute la France", ce qui explique que certains auteurs "passent totalement sous les radars".
Les suspects arrêtés lors de ce coup de filet présentent des profils très variés. Il s'agit exclusivement d'hommes, issus de toutes les catégories socioprofessionnelles et de toutes les régions du pays. "C'est monsieur Tout-le-Monde", confirme le commissaire, ajoutant que "toutes les strates de la société peuvent être touchées par cette criminalité". Pour cette opération, plus d'une centaine d'enquêteurs ont été mobilisés. "Je tiens à saluer la police judiciaire qui est capable de réaliser des coups de filet comme celui-ci", a insisté Quentin Bevan, en rendant également hommage à la Gendarmerie nationale, qui a participé aux interpellations.
Une traque numérique longue et complexe
Dix mois d'enquête ont été nécessaires. L'enquête a débuté après le démantèlement d'un réseau pédocriminel à l'été 2023. À cette occasion, plusieurs enfants avaient pu être sauvés de situations d'exploitation sexuelle. Les 55 individus interpellés ces derniers jours avaient tous échangé des vidéos d'abus sexuels sur des enfants avec le principal suspect incarcéré dans la précédente affaire. "Cela démontre notre capacité à nous adapter", a souligné le commissaire.
Les pédocriminels sont massivement présents sur des messageries, cryptées ou non. La traque s'est notamment concentrée sur des plateformes chiffrées telles que Telegram, réputée pour son manque de coopération avec les autorités. Selon Quentin Bevan, ces environnements numériques offrent un sentiment de protection à certains profils discrets. "Ces individus 'low profile' se sentent protégés, anonymisés derrière ces messageries", a-t-il indiqué.
L'enquêteur cite notamment l'exemple d'un père de trois enfants, de 6 à 12 ans, qui "dit dans ses messages qu'il rêve d'avoir des rapports sexuels avec sa fille de 6 ans" et dont l'arrestation a été "priorisée" au vu de la menace exprimée. Ou encore ce religieux, évêque depuis 2013 et prêtre depuis 2004. Selon la procureure de Strasbourg, ses consultations d'images étaient régulières et les enquêteurs estiment qu'il a commencé à en détenir depuis 2017. Il n'a pas d'antécédents judiciaires, selon la procureure de Strasbourg et il n'y a aucun doute sur le fait que les personnes figurant sur les images étaient bien mineures. Vendredi, alors qu'il devait être jugé en comparution immédiate, ce dernier a sauté de la fenêtre de son domicile à Geispolsheim (Bas-Rhin). Il est dans le coma.
Un engagement psychologique lourd pour les enquêteurs
Les méthodes d'enquête utilisées ne se limitent pas à la simple infiltration. Ces hommes, arrêtés dans 42 départements, ne "se connaissaient pas dans la vie courante mais se connaissaient à travers leurs échanges totalement dédiés à la pédocriminalité", souligne-t-il. Le recours aux techniques spéciales d'enquête (TSE), encadrées par des magistrats, permet de localiser et identifier les suspects. "Ce sont des infiltrations beaucoup plus longues et beaucoup plus complexes", a confié le commissaire, qui a évoqué des cas particulièrement graves, comme celui d'un père de famille qui exprimait son intention "de partager ses enfants avec d'autres individus".
Les investigations menées dans ce type d'affaires exigent une implication psychologique considérable de la part des policiers. Le commissaire a tenu à saluer leur "dévouement". "Les contenus analysés, les images visionnées, les enfants sauvés, tout cela demande un engagement tout particulier", a-t-il affirmé. Un accompagnement psychologique est prévu pour ces professionnels, notamment après de telles opérations. "Bien évidemment, ils sont suivis par des professionnels", a-t-il assuré.
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