Pédocriminalité : la justice alerte sur l'ampleur inquiétante que prend le phénomène du livestreaming

Ce phénomène pédocriminel consiste à commander, acheter et visionner en direct des agressions sexuelles et des viols sur des enfants.

Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De l'autre côté de l'écran, des mineurs, parfois des nourrissons, se font agresser sexuellement ou violer. (PIERRE DESTRADE / MAXPPP)
De l'autre côté de l'écran, des mineurs, parfois des nourrissons, se font agresser sexuellement ou violer. (PIERRE DESTRADE / MAXPPP)

Ce qu’on appelle le "livestreaming", des viols d’enfants commandités, en ligne, depuis les pays occidentaux, sur des mineurs à l’étranger puis visionnés en direct, se développe de façon inquiétante. Dernier exemple en date, un Français de 55 ans a été mis en examen vendredi 20 juin, soupçonné d’avoir commandité entre 500 et 600 viols sur une fratrie en Colombie pendant plusieurs années. Le phénomène a émergé depuis le Covid et, depuis, il ne fait que prendre de l’ampleur.

"Quelque chose de courant"

Il est presque impossible de donner un chiffre pour quantifier le phénomène. "C'est vrai qu'on remarque un décalage puisque c'est un phénomène qui est encore aujourd'hui assez peu connu, alors que nous, dans notre pratique quotidienne, on voit que c'est quelque chose d'extrêmement courant, souligne Noémie Metzger, l'une des référentes sur le livestreaming au parquet de Paris. On a énormément de signalements qui nous parviennent en indiquant qu'il y a des personnes qui pratiquent ce phénomène de livestreaming."

S’il y avait assez d’effectifs, il serait possible d'interpeller, en France, une personne par jour, résument ceux qui travaillent sur ces dossiers. Actuellement, la cinquantaine d’enquêteurs de l’OfMin, l'office en charge de la lutte contre les violences faites aux mineurs, ont dans leur viseur plusieurs centaines d’auteurs potentiels. Mais, faute de moyens, une dizaine d'enquêtes seulement sont actuellement ouvertes en France et une dizaine d’autres devraient être ouvertes d'ici la fin de l’année.

"Les victimes mineures de ces viols, elles existent"

Pourtant les faits sont très graves, explique Noémie Metzger : "On entend souvent, c'est une défense que l'on peut entendre, que l'on est dans le virtuel, que les victimes sont loin et qu'il y a un côté abstrait. Mais en fait, il n'y a absolument rien d'abstrait. On n'est pas sur une consultation de dessin animé. Les victimes, mineures, de ces viols, existent et elles subissent les viols qui sont filmés pour la satisfaction d'une personne qui paye pour les visionner."

Des victimes souvent très jeunes, la plupart ont moins de 10 ans et sont souvent agressées par leurs proches, dans des familles très précaires, aux Philippines, mais aussi désormais en Colombie ou à Madagascar. "C'est vraiment une exploitation de cette misère, du fait qu'on a des familles qui sont prêtes à tout, notamment à violer parfois dans le cercle familial pour avoir de l'argent, puisque cet argent, dans tous les cas, il permettra de manger, de se loger, de répondre à des besoins vitaux", avance Noémie Metzger. 

Pour endiguer ce phénomène, les autorités misent notamment sur des peines très lourdes pour les commanditaires de livestreaming. Désormais, ils encourent jusqu’à 20 ans de réclusion, considérés comme complices des viols commis sur les jeunes victimes.

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