Elle envoie près de 60 000 messages à un magistrat, une ancienne fonctionnaire de police condamnée à six mois de prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Dijon a prononcé une peine moins grave que les réquisitions. En plus de la prison avec sursis, la harceleuse devra verser 2 100 euros de dommages et intérêts.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Bourgogne
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Temps de lecture : 2min
Un avocat feuillette un code pénal au tribunal judiciaire de Dijon. Image d'illustration. (EMMA BUONCRISTIANI / MAXPPP)
Un avocat feuillette un code pénal au tribunal judiciaire de Dijon. Image d'illustration. (EMMA BUONCRISTIANI / MAXPPP)

Une ancienne fonctionnaire de police a été condamnée à six mois de prison avec sursis par le tribunal judiciaire de Dijon, mercredi 14 mai, pour avoir envoyé près de 60 000 messages à un magistrat de Besançon pendant près deux ans, a appris ICI Bourgogne (ex-France Bleu) à l’audience. Cette femme âgée de 51, Sabrina, a reconnu à la barre avoir harcelé le procureur de la République de Besançon, entre 2023 et 2025. Elle a admis lui avoir envoyé des SMS, mails et lettres, dans lesquels se mêlaient insultes, menaces, propositions sexuelles ou encore tentatives d’intimidation.

Cette ancienne fonctionnaire de police a expliqué qu'un profond traumatisme lié à des violences sexuelles dans son enfance a été l’élément déclencheur de son comportement. En 2023, elle décide de porter plainte contre ses frères, qu’elle accuse de ces agressions, après des années de silence. Elle écrit alors au procureur chargé de l’affaire. La plaignante apprend par la suite que les faits qu’elle dénonce pourraient être prescrits. "Je n’ai pas digéré que l’on m’annonce une potentielle prescription, j’ai même tenté de me suicider après avoir envoyé un message à ma fille, explique-t-elle à l’audience. Je regrette terriblement."

"J'avais juste besoin d'aide"

A partir de ce moment, elle enverra des messages à un rythme effréné. En deux ans, 59 385 messages sont adressés au magistrat et à son épouse (10 000 messages à la femme du procureur), dont certains avec des menaces explicites où elle cite le prénom de leur fille ou leur domicile. "Je n’arrivais plus à me situer, j’envoyais des tonnes de messages à n’importe qui. J’avais juste besoin d’aide", confie-t-elle. Le magistrat décide alors de déposer plainte et se constitue partie civile.

"J’entends la souffrance qui peut être la sienne (…) Néanmoins, sa qualité de victime ne lui autorise pas à devenir une coupable", plaide Lucie Renoux, avocate des victimes. Pour Julien Vernet, avocat de Sabrina, au contraire, "si l’on condamne lourdement une femme déjà condamnée par la vie, on passe à côté de notre boulot".

Finalement, le tribunal a prononcé une peine moins lourde que les réquisitions. Sabrina a été condamnée à six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, assortis d’une obligation de soins. Elle devra également verser 2 100 euros de dommages et intérêts au couple et ne plus s’approcher du tribunal de Besançon.

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