Emplois fictifs : Chirac, condamné, ne fera pas appel du jugement
L'ancien président, reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Paris de "prise illégale d'intérêts", d'"abus de confiance" et de "détournement de fonds publics", conteste toutefois "catégoriquement le jugement".
Dans un communiqué publié quelques heures après sa condamnation, Jacques Chirac a annoncé qu'il ne ferait pas appel du jugement, tout en le "contest[ant] catégoriquement". L'ancien chef d'Etat a été condamné jeudi 15 décembre par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison avec sursis dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris.
Agé aujourd'hui de 79 ans, l'ancien président a été reconnu coupable de "prise illégale d'intérêts", d'"abus de confiance" et de "détournement de fonds publics" sur 19 des 28 emplois litigieux.
Pas d'appel, pour "passer à autre chose"
"Il est temps d'en terminer parce qu'il faut passer à autre chose", a expliqué un des avocats de Jacques Chirac, Jean Veil, sur BFMTV jeudi en fin d'après-midi.
A travers un communiqué, l'ancien président a affirmé "avec honneur" qu'"aucune faute ne saurait [lui] être reprochée" et justifie sa décision de ne pas faire appel de sa condamnation par le fait qu'il n'a "plus, hélas, toutes les forces nécessaires pour mener par [lui-même], face à de nouveaux juges, le combat pour la vérité".
Des emplois destinés à renforcer l'équipe de campagne du RPR
Le volet jugé à Paris concernait des emplois rémunérés par la Ville de Paris de 1990 à 1995, alors que Jacques Chirac était maire de la capitale. Selon les juges d'instruction qui ont renvoyé l'ancien président en correctionnelle, les personnes employées auraient en réalité servi à renforcer l'équipe de campagne électorale du RPR à la présidentielle de 1995, remportée par Jacques Chirac.
Son avocat, Georges Kiejman, a qualifié le jugement de "décevant" et affirmé qu'il "ne changerait rien à l'affection que portent les Français à Jacques Chirac".
Interrogé sur RTL jeudi midi, Jean Veil a affirmé que l'ex-président avait pris l'annonce de sa condamnation "avec sérénité". "Il est effectivement satisfait que le tribunal reconnaisse qu'il n'y a eu aucun enrichissement personnel", a poursuivi l'avocat. "Si quelqu'un dans cette affaire doit être condamné, ça ne peut être que moi et certainement pas mes collaborateurs", lui aurait confié son client.
Une surprise après les réquisitions demandant la relaxe
L'ancien président risquait en théorie jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. Dans son réquisitoire, qui s'apparentait davantage à une plaidoirie de la défense, le parquet avait demandé la relaxe de tous les prévenus. De son côté, Jacques Chirac a toujours récusé les faits qui lui sont reprochés, affirmant "n'avoir commis aucune faute pénale ou morale", dans une déclaration lue au procès par Jean Veil.
Neuf autres prévenus comparaissaient aux côtés de Jacques Chirac. Parmi eux, François Debré, le frère du président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, Jean de Gaulle, Marc Blondel ont été reconnus coupables de "recel d'abus de confiance" et, pour les deux derniers, de "détournement de fonds publics". Rémi Chardon est condamné pour "complicité de détournements de fonds publics" à trois mois de prison avec sursis. Michel Roussin, ex-directeur de cabinet de Jacques Chirac, a été relaxé.
Pour Guy Carcassonne, professeur de droit public à l'université de Paris X-Nanterre, "c'est une peine significative, même si elle n'aura pas de conséquences directes, puisque Jacques Chirac n'a pas à payer d'amende et ne fera pas de prison". Selon le juriste, cette condamnation, certes historique, est "conforme à ce que la Constitution a sagement prévu : à savoir que le président de la République puisse exercer ses fonctions et que l'ancien président puisse rendre des comptes à la justice".
Le verdict suscite de nombreuses réactions politiques
"J'invite M. Chirac à tirer les conséquences de sa condamnation et de fait, à démissionner du Conseil constitutionnel", a réagi la candidate d'EE-LV, Eva Joly, sur son compte Twitter. "Il me semble que le Conseil constitutionnel ne peut pas fonctionner avec un membre qui est condamné à deux ans avec sursis pour prise illégale d'intérêt et abus de confiance", a ajouté l'ancienne juge d'instruction. "On ne peut pas démissionner d'une fonction dont on est membre à vie", lui a répondu jeudi soir Jean Veil sur BFMTV.
En déplacement à Sao Paulo (Brésil), le Premier ministre, François Fillon, a jugé que la décision arrivait "trop tard". "Mais je ne pense pas qu'elle va altérer la relation personnelle entre les Français et Jacques Chirac", a-t-il estimé. A l'Elysée, Nicolas Sarkozy a également estimé que l'"engagement constant" de l'ancien chef d'Etat, lui "vaudra encore l'estime des Français."
Du côté du Front national, Jean-Marie Le Pen a estimé que la France avait "été présidée par un délinquant pendant douze ans". Il a également considéré que c'était "une toute petite condamnation par rapport à ce qu'il aurait mérité".
"La justice est passée... Avec tellement de retard... Mais elle est passée", a commenté le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, avant d'ajouter qu'il avait "une pensée pour l'homme".
À regarder
-
Guerre Israël-Hamas : "Ces deux peuples ne pourront plus jamais vivre ensemble !"
-
Pourquoi on doit garder du cash chez soi ?
-
Ingérences russes en Moldavie
-
À 12 ans, il porte plainte contre Roblox
-
Gaza : la route de l'exode
-
Pourquoi ce bébé girafe est une bonne nouvelle
-
Marie-Céline Bernard, pionnière du rugby féminin en France
-
Une centaine d'agriculteurs manifestent devant le château de Versailles
-
"Faites des parents" : une campagne pour le don de gamètes
-
Cette alerte a sauvé une ado
-
Un Polonais devient le premier alpiniste à descendre l'Everest à ski sans oxygène
-
L'Oktoberfest à Munich comme si vous y étiez
-
Condamnation de Nicolas Sarkozy : "C'est le pays tout entier qui va être éclaboussé !"
-
Opérations ratées : un ophtalmo visé par plusieurs plaintes
-
Ingérence russe : les élections moldaves sous surveillance
-
Pourquoi faut-il avoir de l'argent liquide chez soi ?
-
Etat palestinien : Benyamin Nétanyahou prépare sa riposte à l'ONU
-
Nicolas Sarkozy : comment va-t-il purger sa peine ?
-
Décès au KFC : un corps découvert aux toilettes au bout de 30h
-
N. Sarkozy condamné : l'ancien président ira en prison
-
Braquage impressionnant dans une bijouterie en Californie
-
L’ancien président Nicolas Sarkozy ira en prison
-
Malfaçons : 38 degrés toute l'année chez eux
-
Cookies, gaufres : le succès des fast-foods sucrés
-
Y'a des pesticides dans les nuages
-
Marylise Léon réagit à la colère des patrons
-
Une nouvelle photo officielle pour Joe Biden à la Maison Blanche ?
-
Carla Bruni arrache la bonnette du micro de Mediapart
-
"Je dormirai en prison mais la tête haute"
-
Contraception forcée : le scandale qui empoisonne le Danemark
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.