"Omniprésent", "une droite forte", "l'expression de l'extrême droite"... La nouvelle circulaire Retailleau relance les conjectures sur son positionnement et ses ambitions
En durcissant les règles pour la régularisation des sans-papiers, le ministre de l'Intérieur crée une nouvelle polémique.
Il persiste et signe à propos de la régularisation des travailleurs sans-papiers. Ce "n'est pas un droit", a déclaré Bruno Retailleau lors d'un déplacement à la préfecture des Yvelines, vendredi 24 janvier. Le ministre de l'Intérieur durcit la ligne et demande aux préfets de "serrer la vis" dans une nouvelle circulaire applicable dès ce jour.
Jusqu'ici, pour être admissible, un travailleur sans papiers devait en théorie vivre en France depuis trois ans et justifier d'au moins deux ans de travail. Avec sa circulaire, le ministre de l'intérieur fait passer cette durée à sept ans. La gauche et les associations de réfugiés s'insurgent : une énième polémique déclenchée par le ministre depuis son arrivée place Beauvau, il y a quatre mois.
Une machine à polémiques
Le ministre était l'une des stars du gouvernement Barnier et depuis son maintien au gouvernement, il continue à faire son show. Il est omniprésent dans les médias. Après 20 ans sur les bancs du Sénat, le Vendéen, lancé dans la politique par son mentor Philippe de Villiers, "vit sa meilleure vie", selon un cadre du parti. Il fait le tour des plateaux de télévision sourire aux lèvres, avec un seul mot à la bouche : "immigration".
Les propos et les mesures du ministre de l'Intérieur ne passent pas à gauche, à l'image de sa nouvelle circulaire sur la régularisation des sans papiers. "Bruno Retailleau est l'expression chimiquement pure de l'extrême droite française, fustige Hadrien Clouet député LFI. C'est un homme qui est contre l'égalité. C'est pour ça d'ailleurs qu'il parle de 'Français de papiers' parce qu'il ne considère pas que la citoyenneté suffit à l'égalité entre les êtres humains. Ce que moi, en républicain, je considère."
Un discours qui n'est pas pour déplaire à l'extrême droite
Le RN le verrait presque dans ses rangs. "Quand on écoute Bruno Retailleau, on a l'impression que c'est un porte-parole du Rassemblement national, estime Laure Lavalette, elle-même porte-parole du parti. Il a compris les tenants et les aboutissants, ce que les Français veulent sur l'immigration."
"Tant mieux, ça sera ça de moins à faire, avec tout ce qu'il aura fait, pour quand nous arriverons au pouvoir."
Laure Lavalette, porte-parole du RNà franceinfo
Pourtant, il est loin d'être en phase avec le parti de Marine Le Pen, selon son entourage. Même quand cette semaine, il s'est dit très proche du combat des féministes identitaires du collectif Némésis. "Le RN cherche à le décrédibiliser, pour François-Noël Buffet, son ministre délégué et compagnon depuis une dizaine d'années, je crois qu'en disant ça, ils cherchent à le tuer."
Mais Bruno Retailleau veut continuer à vivre sous les projecteurs. Ces militants le voient comme le sauveur des Républicains, un parti moribond. "C'est une droite, pour moi, qui rassemble, qui a des convictions, comparé à une droite plutôt molle du RN", assure l'un. "Une droite forte qui a besoin de revenir au pouvoir après le chaos de Hollande et de Macron", pour un autre. Alors que la droite se cherche un candidat, un héros, le ministre de l'Intérieur pourrait se retrouver propulsé à la tête de son parti.
La présidentielle en 2027 en ligne de mire ?
La droite attend de savoir ce qu'il va faire. En tout cas, c'est tout ce que lui souhaite François-Noël Buffet : "S'il peut atteindre le meilleur, tant mieux. Ce sera une chance pour lui, qu'il la saisisse. Et il progresse par étapes. Et, bien qu'il soit vendéen, il a un côté montagnard."
À voir le parcours de Bruno Retailleau, il est difficile de ne pas faire un parallèle avec celui de Nicolas Sarkozy, deux fois ministre de l'Intérieur avant d'accéder à l'Elysée. Mais "n'est pas Sarkozy qui veut, il manque de charisme et n'a pas le même poids politique", fustige un cadre du RN.
À regarder
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Vol d’or au Muséum : une femme mise en examen
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter