L’avocat Antoine Vey condamné pour harcèlement à une suspension d’un an, dont cinq mois ferme, par l’Ordre des avocats

L'avocat était accusé depuis plusieurs années par d'ex-collaborateurs, hommes et femmes, dénonçant des gestes ou des propos vécus comme du harcèlement moral ou sexuel.

Article rédigé par Pierre de Cossette
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Antoine Vey, sortant du tribunal correctionnel de Versailles, le 20 octobre 2021. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
Antoine Vey, sortant du tribunal correctionnel de Versailles, le 20 octobre 2021. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

L'avocat pénaliste Antoine Vey, ancien associé d'Eric Dupond-Moretti et soupçonné de harcèlement moral et sexuel, a été condamné jeudi 17 juillet par l'Ordre des avocats à une suspension d'un an, dont cinq mois ferme, a appris franceinfo de sources concordantes. L’avocat va faire appel de cette condamnation. 

Cette décision avait été mise en délibéré après une audience disciplinaire à huis clos en mai dernier, durant laquelle une sanction de six mois de suspension, dont trois mois ferme, avait été requise. Elle est le résultat d'une procédure disciplinaire ouverte en janvier 2023 par le barreau de Paris, avant même l'ouverture d'investigations au niveau judiciaire.

Dans son arrêté de 80 pages, auquel franceinfo a eu accès, le Conseil de l'Ordre évoque un "mauvais management (...) érigé en règle (...) et contraire à la déontologie", et souligne que ces "manquements" ont touché une dizaine d'anciens salariés et collaborateurs entre 2017 et 2020. En revanche, les accusations de harcèlement sexuel ont été écartées.

L'avocat "fera évidemment appel"

"Maître Vey a pris acte de la décision rendue ce jour par le conseil de discipline. Il conteste les reproches qui lui sont faits et fera évidemment appel. Cet appel est suspensif", réagit auprès de franceinfo Emmanuel Marsigny, l’avocat d’Antoine Vey. "Ces griefs, sans le moindre fondement, émanent d’anciens collaborateurs ayant quitté le cabinet depuis plusieurs années et désormais engagés dans une démarche concertée de déstabilisation."

"Ni nous, ni nos clientes ne nous réjouissons de la condamnation d’un avocat, car elle salit nos robes à tous. Cependant, il s’agit d’un signal fort pour notre profession : le fait que l’Ordre des avocats ait condamné notre confrère marque sa volonté de lutter contre le harcèlement", réagit auprès de franceinfo Virginie Le Roy, avocate de trois plaignants à l'ordre et au pénal. "C’est également une reconnaissance et un soulagement pour nos clientes. Nous attendons désormais sereinement l’avancée de l’instruction pénale en cours", ajoute-t-elle.

Une information judiciaire ouverte en 2025

Connu pour avoir défendu Théo Luhaka, le Chilien Nicolas Zepeda, Julian Assange, Jérôme Cahuzac ou encore Mohed Altrad, Me Vey, 41 ans, est accusé depuis plusieurs années de harcèlement par d'ex-collaborateurs, hommes et femmes. En mars 2023, Libération avait recueilli une vingtaine de témoignages d'anciens ou actuels collaborateurs dénonçant des gestes ou des propos vécus comme du harcèlement moral ou sexuel.

Au-delà de cette procédure disciplinaire menée par l'Ordre des avocats, une information judiciaire est ouverte depuis 2025, principalement pour harcèlement moral et sexuel, pour des faits concernant plusieurs personnes et s'étalant sur plusieurs années. Antoine Vey est aussi visé par enquête ouverte en janvier 2024 après la plainte d'une ancienne collaboratrice, pour des faits remontant à 2017 et 2018, à l'époque où Me Vey était associé de l'ex-garde des Sceaux.

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