Un gynécologue à la retraite va être jugé dans le Val-d'Oise pour viols et agressions sexuelles sur 112 patientes

Phuoc-Vinh Tran, aujourd'hui âgé de 74 ans, aura plusieurs mois d'audience pour expliquer ses pratiques à la justice, lui qui a toujours nié les faits au fil d'une instruction de plus d'une décennie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Après une première plainte, l'ensemble de la patientèle du gynécologue avait été contactée par les enquêteurs. (MARINE GONARD / HANS LUCAS / AFP)
Après une première plainte, l'ensemble de la patientèle du gynécologue avait été contactée par les enquêteurs. (MARINE GONARD / HANS LUCAS / AFP)

L'enquête aura duré plus d'une décennie. La justice a renvoyé un médecin à la retraite devant la cour criminelle du Val-d'Oise, accusé de viols et d'agressions sexuelles sur plus d'une centaine de patientes, a appris mardi 4 mars l'AFP, qui a pu consulter l'ordonnance de mise en accusation. Phuoc-Vinh Tran, aujourd'hui âgé de 74 ans, aura plusieurs mois d'audience pour expliquer ses pratiques à la justice, lui qui a toujours nié les faits et assure avoir exercé "la gynécologie avec douceur".

Une première plainte, déposée en 2013, avait lancé la procédure et levé le voile sur des années de pratiques suspicieuses menées par le spécialiste dans la petite ville de Domont, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Paris. Lors de sa première et unique consultation auprès de Phuoc-Vinh Tran, la plaignante, une patiente de 52 ans, avait réalisé que l'auscultation du praticien n'était pas habituelle, mais était restée "figée", "tétanisée".

L'ensemble de la patientèle du gynécologue a alors été contactée par les enquêteurs et plus de 130 femmes ont déposé plainte, livrant des témoignages similaires. L'ancien gynécologue aura à répondre devant la justice de 92 cas de viols et 25 cas d'agressions sexuelles sur 112 patientes, précise France 3 Paris Ile-de-France.

"Un état de choc, de stupéfaction et de sidération"

Pour le docteur, cette similitude est signe d'un "complot" ourdi contre lui à la suite de la médiatisation du dossier, une théorie battue en brèche par la juge d'instruction. "La médiatisation de l'affaire n'a eu pour conséquence que de constituer un élément déclencheur dans leur prise de parole", les femmes n'osant auparavant pas déposer plainte "par honte ou par crainte de ne pas être prises au sérieux", signale-t-elle dans son ordonnance de mise en accusation. Unique lien entre ces dizaines de femmes, âgées de 18 à 52 ans au moment des faits : avoir un jour consulté ce gynécologue.

Aux enquêteurs, celui-ci avait déclaré "exercer la gynécologie avec douceur" ou selon "une méthode asiatique". La juge d'instruction soutient que le "caractère sexuel des touchers vaginaux [est] en contradiction avec un acte strictement médical".

Au fil des rendez-vous, sur plus de dix ans, Phuoc-Vinh Tran a notamment pu "caresser [les patientes] au niveau des cuisses, du bas ventre ou encore du clitoris, leur demander de contracter leur vagin autour de ses doigts" et "les questionner sur leurs plaisirs sexuels", selon l'ordonnance datée du 3 mars.

Les 116 pages du document compilent les courts témoignages des 133 plaignantes quant à ces moments où, allongées sur la table d'auscultation, elles comprennent toutes que le temps d'examen et les gestes pratiqués dépassent incontestablement le cadre médical. "Chacune d'entre elles décrit dans leur plainte un état de choc, de stupéfaction et de sidération", peut-on lire dans le document.

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