Soupçons d'agressions sexuelles sur des nourrissons à Montreuil : une quinzaine de familles ont demandé à se constituer parties civiles

Une infirmière de 26 ans est soupçonnée d'agressions sexuelles au sein du service de réanimation néonatale. La juge d'instruction doit désormais accepter, ou non, cette demande.

Article rédigé par Mathilde Lemaire, Simon Soubieux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
L'infirmière de l'hôpital de Montreuil a été suspendue à titre conservatoire. (THOMAS SAMSON / AFP)
L'infirmière de l'hôpital de Montreuil a été suspendue à titre conservatoire. (THOMAS SAMSON / AFP)

Une quinzaine de familles, dont les nourrissons ont été hospitalisés en décembre et janvier dernier à l'hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis), ont demandé à se constituer parties civiles, alors qu'une infirmière de 26 ans est soupçonnée d'agressions sexuelles au sein du service de réanimation néonatale. C'est ce qu'a appris franceinfo, jeudi 21 août, auprès de plusieurs avocates des familles. La juge d'instruction doit désormais accepter ou non cette demande.

Selon le parquet de Bobigny, joint par franceinfo, trois nourrissons sont concernés pour le moment par ces agressions sexuelles. Mais de nombreux parents, qui avaient leur bébé hospitalisé en fin d'année 2024 et en janvier 2025 dans le service de réanimation néonatale, veulent se constituer parties civiles pour avoir accès au dossier, et savoir si leur enfant a été en contact avec l’infirmière mise en cause.

"L’hôpital a fait un même courrier à tout le monde, à la virgule près, c’est ignoble"

Au début de l’affaire, il y a quelques semaines, l’hôpital de Montreuil avait envoyé un courrier à de nombreux parents, pour leur assurer que l’infirmière mise en cause n’avait pas été l’infirmière attitrée de leur enfant. "L’hôpital a fait un même courrier à tout le monde, à la virgule près, c’est ignoble", estime l’avocate de sept familles, Myriam Guedj-Benayoun, qui refuse toutefois de faire de l'hôpital son ennemi. "Ce qui compte aujourd’hui, c’est qu’on trouve les victimes et qu’on les aide à se réparer".

"On veut des réponses, on veut que toute la lumière soit faite et on a besoin de la coopération de l'hôpital", poursuit auprès de franceinfo une mère dont la fille a été hospitalisée dans ce service en janvier 2025, juste après sa naissance. Elle dénonce le "manque d'empathie" de l'hôpital et l'absence d'information de sa part.

"Quand aujourd'hui, on contacte l'hôpital, on a une personne au bout du fil qui nous dit de laisser notre numéro et qu'on nous rappellera dans la journée. Ce qui n'est pas vrai. On a demandé notre dossier médical et à ce jour, on ne l'a toujours pas reçu."

une mère dont la fille a été hospitalisée à Montreuil

à franceinfo

"Nous sommes très reconnaissants du travail qui a été fait par les soignants par rapport à notre enfant. Les médecins ont sauvé notre enfant, donc nous ne sommes pas dans un rejet total du bloc médical. Mais on a du mal à comprendre qu'on nous ferme les portes de cette façon, alors que l'hôpital devrait justement nous aider à recueillir la vérité. Il n'y a pas eu d'excuses pour ce qui est arrivé et pour ce qu'on vit actuellement. On ne comprend pas qu'on ne nous écoute pas", déplore-t-elle. 

"Les familles sont en total désarroi et ont l'impression d'avoir été complètement abandonnées, non pas par la justice, mais par l'hôpital", déclare auprès de franceinfo l'avocate de sept familles, Besma Maghrebi. "Les familles ont besoin de savoir si leurs enfants ont été ou non en contact direct avec cette infirmière".

Un rendez-vous proposé aux familles concernées selon l'hôpital

Contacté par franceinfo jeudi, l'hôpital de Montreuil assure "répondre aux demandes de dossiers médicaux conformément à la réglementation et dans les délais requis". "Un rendez-vous a été proposé à chaque famille potentiellement concernée par les faits, sur la base des éléments transmis par le parquet. À ce jour, 11 familles ont été rencontrées par des représentants de la direction et de l’encadrement médical du service de réanimation néonatale", poursuit-il. "La direction de l'hôpital a demandé à se constituer partie civile. L'hôpital reste à la disposition des familles et apporte actuellement tout son concours aux services de police dans le cadre de l'évolution de l'enquête".

Dans cette affaire, une infirmière de 26 ans de l'hôpital est mise en examen depuis début août pour des soupçons d'agressions sexuelles sur des nourrissons, ainsi que pour captation et diffusion d'images à caractère pédopornographique et placée sous contrôle judiciaire. L'infirmière, qui travaillait dans le service de réanimation néonatale de l'hôpital de Montreuil, a été suspendue à titre conservatoire par la direction du groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est. Cette femme s'était présentée au commissariat début août pour se dénoncer. Elle avait déclaré avoir été sous emprise d'un homme âgé de 27 ans, soupçonné d'avoir été l'instigateur des faits. Ce dernier avait également été placé sous contrôle judiciaire contre l'avis du parquet.

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