Légion d'honneur pour Gisèle Pelicot : "Je crains que les décorations nous dédouanent de véritables actions", redoute l'avocate féministe Michelle Dayan
L'avocate spécialisée et présidente de l'association "Lawyers for women" voit cette décoration comme "un symbole" qui ne doit pas écarter la question des moyens pour "lutter efficacement contre les violences faites aux femmes".
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"Je crains, hélas, que les symboles et les décorations nous dédouanent de véritables actions", redoute dimanche 13 juillet sur franceinfo Michelle Dayan, avocate spécialisée et présidente de l'association "Lawyers for women", après l'annonce de la Légion d'honneur décernée à Gisèle Pelicot. L'historienne Mona Ozouf et la nouvelle figure mondiale du combat féministe Gisèle Pelicot font en effet partie des personnalités distinguées dans la promotion de la Légion d'honneur du 14-Juillet, selon un décret publié dimanche au Journal officiel.
Pour Michelle Dayan, "tout ce qui va dans le sens du symbole dans l'égalité hommes-femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes est à saluer". Toutefois, l'avocate explique qu'une victime "n'est pas, en soi, une héroïne". "Une victime c'est avant tout une victime", poursuit-elle. "Ce que Gisèle Pelicot a vécu n'a rien d'honorable, hélas. C'est tout le contraire de l'honneur ce qu'on lui a fait subir". En revanche, "la résilience dont elle a fait preuve et sa dignité dans le procès, ce qu'elle a essayé d'en faire après, dans la conversation entre les hommes et les femmes, doit en effet être salué". C'est en cela que Michelle Dayan pense que décerner la Légion à cette femme "n'est pas une mauvaise idée, bien au contraire" même si cette décoration est "surtout très symbolique".
"On ne donne pas les moyens"
La présidente d'association ne dit pas que remettre cette décoration est "contre-productif". Elle affirme que "c'est mieux que si c'était pire", dans le sens où "c'est mieux que s'il n'y avait rien" mais l'avocate craint "que l'on se dédouane en lui décernant la Légion d'honneur". Pour elle, les vraies questions sont les suivantes : "Comment on fait pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes ? Pour éduquer les hommes et les femmes afin que ce type de situation, qui continue à perdurer, cesse ?"Michelle Dayan regrette qu'en France "on ne donne pas les moyens à l'éducation, à la prévention, à la formation comme on le devrait". "Beaucoup d'associations dont la mienne, poursuit-elle, se battent pour qu'il y ait une véritable éducation, une prévention sur le respect du consentement et du corps des femmes".
Questionnée sur l'évolution de la lutte contre les violences sexuelles envers les femmes, la présidente d'association reconnaît que "les choses ont progressé dans le bon sens". "Il y a eu MeToo, puis le Grenelle sur les violences intra-familiales en 2019", rappelle-t-elle. "Comme avocate, je peux observer que la parole des victimes a été facilitée et prise en compte de façon bien plus sérieuse qu'avant". Malgré tout, les choses peuvent encore être améliorées car "ce n'est jamais assez vite et à la hauteur des drames que les femmes vivent au quotidien, parce qu'il y a une Gisèle Pelicot et 1 000 madames Dupont qui subissent des violences. Il ne faut pas l'oublier". Les choses avancent donc dans le bon sens, répète Michelle Dayan qui a "aussi l'impression qu'elles stagnent un peu aujourd'hui".
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