Féminisme et corps-à-corps sur patins, une courte histoire du roller derby en France
Cette discipline, venue des Etats-Unis et pratiquée presque uniquement par des femmes, fait de plus en plus d'adeptes dans l'Hexagone, où une centaine d'équipes ont été créées en cinq ans.
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"On s'entraîne parfois à frapper contre des murs, mais ce n'est pas si violent que ça." Quelle mouche a bien pu piquer les fans de roller derby ? Ce sport, apparu dans les années 1930 aux Etats-Unis et très populaire avant de tomber dans l'oubli, connaît depuis une dizaine d'années un joli succès chez les femmes.
Samedi 7 juin à Paris, le club des Lutèce Destroyeuses organise deux matchs au gymnase des fillettes, à deux pas de la Porte de la Chapelle. Après avoir lu cet article, vous crèverez d'envie de chausser des patins.
"On tapait 'roller derby' sur internet, et il n'y avait rien"
Alors qu'aux Etats-Unis, le roller derby a près d'un siècle d'histoire, en France, tout reste à faire. Ceux qui s'y intéressent se heurtent à des difficultés. Pierre Ardellier est l'entraîneur de la sélection française de roller derby. "La femme d’un de mes meilleurs amis m’a contacté car elle montait une équipe de roller derby, raconte à francetv info celui qui a débuté comme coach de l'Hérault Derby Girlz, en octobre 2010. A l'époque, j'étais coach de football américain, j'ai pris ça comme un challenge. C’était l’aventure. Quand on tapait 'roller derby' sur internet, et il n'y avait rien. Les règles étaient en anglais, c’était complètement obscur comme sport. Il nous a fallu un an pour nous mettre en route."
Car le principe n'est pas évident. Sur un anneau d'une cinquantaine de mètres, dix filles s'affrontent pendant une heure. Une "jammeuse" (sprinteuse) par équipe doit passer en force à travers un "pack" (la défense) formé par quatre "bloqueuses". Et elle doit réaliser le plus de tours possibles. Si les coups semblent violents, ils restent encadrés : interdit de donner frapper avec le coude, on pousse l'adversaire avec les épaules pour la faire sortir de la piste.
Un sport géré par les filles, pour les filles
La quasi-totalité des clubs dans le monde sont féminins. En Amérique du Nord, l'histoire du roller derby est intimement lié à l'émancipation des femmes homosexuelles à la fin des années 1960. Un court documentaire de Leslie Sloan et Donna Cassyd rappelle, à travers des témoignages d'anciennes patineuses, comment le roller derby a constitué un des rares espaces de professionnalisation sportive des femmes.
En France, sur un peu plus de 100 équipes, seule une dizaine sont composées d'hommes et se reposent souvent sur une structure féminine comme le club lillois masculin Lille moustache roller girls. "La création même de ce sport est teintée d'une revendication d’indépendance des filles, explique Pierre Ardellier. Mais aujourd’hui, il y a plus un aspect sportif, même si ça reste géré par les filles, pour les filles. Il ne faut pas l'oublier."
Pour la patineuse Cherrylielie, joueuse chez les Paris Roller Girls et membre de la sélection française, l'indépendance est un des signes distinctifs du roller derby : "La particularité de ce sport est qu’on s’occupe de nous de A à Z. On se coache, on se sélectionne et on organise nos événements. Même s'il y a, en plus, des bénévoles qui nous accompagnent, ça reste une majorité de joueuses qui s’occupent de tout et cela crée un élan de solidarité. J'ai pratiqué d'autres sports comme l'athlétisme ou le badminton, mais je n'y ai jamais retrouvé autant d'amitié."
Gendarme et fan de roller
Si les premières ligues sont nées à Toulouse, Bordeaux et Paris, de petits clubs lancés par des bénévoles passionnés voient le jour actuellement. C'est le cas des Sc'Alpes Hell du Bourg d'Oisans, en Isère.
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A leur tête, Ludivine Tixier, gendarme et nouvelle adepte du roller derby. "Après avoir vu quelques matchs sur les chaînes du câble, je me suis renseignée sur le club de Grenoble. Mais avec mon boulot, les horaires d'entraînement ne correspondaient pas. Du coup, j’ai lancé plus ou moins un appel dans la vallée de l'Oisans. Quelques filles m’ont répondu et quand on a rassemblé cinq, six filles intéressées, on a monté une association."
Les revendications féministes sont désormais lointaines. "Nous ne sommes pas fermées à l'idée d'avoir des hommes dans l'équipe, tant qu'il y a de la cohésion." Dans le groupe, toutes les professions se rencontrent : une couturière, une infographiste, une pompier, une comptable et deux banquières. De quoi tordre le coup aux préjugés sur les punks à roller, qui symbolisent encore plusieurs équipes américaines.
Mais d'autres clubs, plus fidèles aux traditions du roller derby, voient le jour dans l'Hexagone. En Bretagne, les Morues reprennent à leur compte le côté show à l'américaine.
Une ambition internationale
En 2010, une équipe de France, pas encore reconnue par la fédération française de roller, a vu le jour. L'arrivée d'une coach américaine venue tout droit d'Atlanta insuffle une dynamique à cette équipe. "Fin 2010, nous n'avions plus de gymnase, nous étions complètement à la rue, c'était vraiment dur, raconte Cherrylielie. Mais en janvier, tout s'est enclenché et on a réussi à finir septièmes sur 13 équipes."
Pour le Mondial, prévu en décembre 2014 à Dallas, la France a toutes ses chances, même si, entre temps, de nouvelles équipes se sont formées. "Maintenant, il y a le Portugal, l'Espagne ou encore la Grèce. Mais de notre côté, on a beaucoup plus de connaissances qu'avant", s'enthousiasme l'entraîneur français. Prochain test match le 22 juin. La France affrontera les Pays-Bas au gymnase de Bercy à Paris.
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