Appels fréquents, visites à son domicile… L'été de l'enfer traversé par Tatiana Mevel, victime d'un féminicide en pleine rue en Ille-et-Vilaine

Depuis leur récente séparation, la trentenaire avait porté plainte à deux reprises contre son ancien compagnon. La seconde fois, six jours avant sa mort. Elle le "suspectait d'avoir dégradé son véhicule".

Article rédigé par franceinfo
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Une photo de Tatiana Mevel, tuée par son ex-compagnon, est posée sur un banc devant la mairie de Saint-Jouan-des-Guérets (Ille-et-Vilaine), le 11 août 2025. (FRANCE 3 BRETAGNE)
Une photo de Tatiana Mevel, tuée par son ex-compagnon, est posée sur un banc devant la mairie de Saint-Jouan-des-Guérets (Ille-et-Vilaine), le 11 août 2025. (FRANCE 3 BRETAGNE)

Les 2 800 habitants de Saint-Jouan-des-Guérets (Ille-et-Vilaine) sont encore sous le choc, après le féminicide en pleine rue de Tatiana Mevel par son ex-compagnon, dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 août. Peu à peu, les langues se délient, et les témoignages des proches mettent en lumière l'enfer qu'a vécu l'employée municipale de 36 ans, dans les semaines qui ont précédé son meurtre.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la victime s'était séparée de son conjoint au début du mois de juillet. Mais le 18, cette mère de trois enfants pousse la porte du commissariat de police de Saint-Malo pour porter plainte. "Ce dernier, afin de la reconquérir, lui envoyait de nombreux messages, tentait de la joindre fréquemment par téléphone et se présentait régulièrement à son domicile, parfois pour lui déposer des fleurs ou demander de récupérer des effets personnels", détaille le parquet.

A ce moment précis, Tatiana Mevel "affirmait ne jamais avoir été victime de violences physiques, verbale ou sexuelle, ni de menace de mort de la part de l'intéressé". Le service d'enquête choisit alors de qualifier les faits rapportés de "harcèlement commis par un ancien concubin", d'après les informations de franceinfo.

"Elle se sentait de plus en plus en danger"

Une voisine, qui connaissait bien la victime, confirme à Ici Armorique que "les disputes" s'étaient "accentuées chez Tatiana", "il y en avait tous les soirs". "Elle se sentait de plus en plus en danger, elle vivait dans la peur", raconte celle qui habite à proximité de la rue de Taluère, là où a eu lieu le drame. Elle assure que le tueur avait un comportement de "harceleur" envers Tatiana. "Depuis un mois, ça s'était empiré. Il lui a crevé un pneu et lui a cassé la vitre de sa voiture."

Le suspect est même surpris en train d'attendre la trentenaire dans son véhicule sur le parking, derrière l'immeuble où elle vit avec ses deux filles aînées, âgées de 15 et 17 ans. "Il venait l'insulter", appuie une autre voisine dans Ouest-France.

Le 2 août, la mère de famille porte à nouveau plainte, à la gendarmerie de Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine cette fois, pour "des faits qualifiés par le service enquêteur de dégradations contraventionnelles". Elle "suspectait son ancien concubin d'avoir dégradé son véhicule", rapporte un communiqué du parquet. 

"Une attitude active très menaçante" 

Six jours après cette seconde plainte, dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 août, l'ex-concubin de Tatiana Mevel se présente de nouveau devant son domicile, à Saint-Jouan-des-Guérets. Il est entre 2 et 3 heures du matin. La jeune femme et ses deux filles constatent "la présence du mis en cause en bas de l'immeuble dans lequel elles habitaient", décrit le procureur de la République d'Ille-et-Vilaine. Elles descendent toutes les trois à sa rencontre. L'homme porte alors deux coups de couteau mortels au cou de la mère de famille, devant ses enfants, et quitte les lieux.

Devant la mairie de Saint-Jouan-des-Guérets (Ille-et-Vilaine), la foule rend hommage le 11 août 2025 à Tatiana Mevel, tuée par son ex-compagnon. (FRANCE 3 BRETAGNE)
Devant la mairie de Saint-Jouan-des-Guérets (Ille-et-Vilaine), la foule rend hommage le 11 août 2025 à Tatiana Mevel, tuée par son ex-compagnon. (FRANCE 3 BRETAGNE)

Il rentre chez lui à Taden, commune située à une vingtaine de kilomètres au sud de Saint-Jouan-des-Guérets. Lorsque les gendarmes arrivent à son domicile pour l'interpeller, il brandit une machette et adopte "une attitude active très menaçante à l'égard des militaires". Après des sommations sans résultat, les gendarmes font alors usage d'un pistolet à impulsion électrique pour le neutraliser. De nationalité française, l'individu était connu de la justice pour des faits de violences sur conjoint.

"Je suis sidérée, atterrée que des faits de ce genre puissent encore avoir lieu au XXIe siècle", déplore Marie-France Ferret, la maire de Saint-Jouan-des-Guérets, auprès de France 3 Bretagne. La veille du féminicide, le 8 août, les deux plaintes que la victime venait de déposer faisaient toujours l'objet d'une enquête, précise le parquet. La garde de ses deux filles, présentes au moment du drame, a été confiée à l'aide sociale à l'enfance.

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