Fin de vie : "Le Premier ministre persiste et signe dans l'erreur", déplore l'ex-ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo

François Bayrou confirme sa volonté de scinder le texte de projet de loi sur la fin de vie et balaye ainsi "le travail de la convention citoyenne", tance l'ancienne ministre. "Les citoyens français demandent" l'introduction d'une aide à mourir. "Nous sommes prêts, Il faut y aller !"

Article rédigé par franceinfo
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Agnès Firmin-Le Bodo, l'ancienne ministre de la Santé et de la Prévention et députée Horizon, au Conseil économique, social et environnemental à Paris, le 26 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / VIA AFP)
Agnès Firmin-Le Bodo, l'ancienne ministre de la Santé et de la Prévention et députée Horizon, au Conseil économique, social et environnemental à Paris, le 26 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / VIA AFP)

"Le Premier ministre persiste et signe dans l'erreur", a déploré mardi 28 janvier sur franceinfo l'ex-ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo, qui avait participé à l'élaboration du projet de loi sur la fin de vie. François Bayrou a confirmé lundi vouloir scinder le projet de loi sur la fin de vie, pour distinguer les "deux sujets" des soins palliatifs et de l'aide à mourir, afin de "pouvoir voter sur chacun de ces deux textes différemment".

Une "erreur" de méthode, selon Agnès Firmin Le Bodo, car le Premier ministre "persiste à ne pas consulter toutes les personnes qui ont travaillé depuis très longtemps sur le sujet" et balaye "le travail de la convention citoyenne, à l'heure où on se dit vouloir interroger nos concitoyens, faire plus de démocratie participative". "C'est aussi nier l'annonce du président de la République sur le modèle français d'accompagnement de la fin de vie avec la priorité aux soins palliatifs, l'accompagnement des malades et des familles et l'introduction de l'aide à mourir dans notre pays", a détaillé la députée (Horizons) de la Seine-Maritime. "J'aurais aimé avoir un échange avec Matignon sur ce sujet (…) Ce qu'avait fait Michel Barnier", a-t-elle précisé. "Avant de faire des annonces catégoriques, je pense qu'une consultation aurait été, j'allais dire, républicain", a-t-elle regretté.

"Ne pas faire passer ses convictions religieuses avant l'intérêt général"

Dans un courrier adressé lundi à François Bayrou, 200 responsables socialistes et macronistes, dont Agnès Firmin Le Bodo, affirment que "dissocier les soins palliatifs de l'aide médicalisée active à mourir serait une erreur". "La priorité, c'est bien le développement des soins palliatifs. Nous sommes 100% d'accord sur ce sujet, mais permettre, sous certaines conditions, à certains de nos concitoyens malades de faire la demande de l'aide à mourir est pour moi une nécessité", a souligné l'ancien ministre de la Santé. "Il s'agit bien de pouvoir permettre à nos concitoyens d'avoir le choix", a-t-elle assuré. "Les citoyens français le demandent, nous sommes prêts, Il faut y aller !", a-t-elle ajouté. Une proposition de loi du député MoDem Olivier Falorni a été déposée à l'Assemblée nationale en ce sens, prévoyant le développement des soins palliatifs mais aussi de légaliser, sous d'importantes conditions, une "aide active à mourir".

Au-delà de sa prise de position, François Bayrou s'est confié lundi sur ses convictions intimes. En référence à son père décédé tragiquement dans un accident, le Premier ministre a évoqué son rapport à la mort imprégné de foi chrétienne. "Lorsqu'on est Premier ministre, il est important aussi de ne pas faire passer ses convictions religieuses avant l'intérêt général", a pointé Agnès Firmin Le Bodo.

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