Aide à mourir : la présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs voit "venir un texte qui donne énormément de pouvoir au médecin"

Les députés examineront en mai deux textes distincts sur la fin de vie : l'un sur les soins palliatifs, l'autre sur l'aide active à mourir. Claire Fourcade se dit opposée au deuxième.

Article rédigé par franceinfo
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Les textes seront examinés les 12 et 19 mai 2025. (MYRIAM TIRLER / Hans Lucas via AFP)
Les textes seront examinés les 12 et 19 mai 2025. (MYRIAM TIRLER / Hans Lucas via AFP)

Interrogée au sujet de la proposition de loi sur l'aide à mourir, Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), déplore jeudi 20 mars sur France Inter, voir "venir un texte qui donne énormément de pouvoir au médecin". La médecin de Narbonne a publié fin janvier "Journal de la fin de vie" (Fayard), dans lequel elle revient sur son travail au coeur d'un service de soins palliatifs et rappelle son opposition à l'évolution de la loi pour aller vers l'euthanasie.

En France, le Premier ministre François Bayrou a choisi de scinder la proposition de loi sur la fin de vie en deux : le premier texte concerne les soins palliatifs et le deuxième l'aide à mourir. Ils seront examinés les semaines des 12 et 19 mai à l'Assemblée nationale. Claire Fourcade est opposée au deuxième texte. "Je continue d'avoir des craintes sur la façon dont on pourra continuer d'accompagner les patients, de les écouter. Je travaille depuis 25 ans à essayer de construire une relation de soin équilibrée avec les patients, qui a diminué le pouvoir du médecin et là, je vois venir un texte qui donne énormément de pouvoir au médecin", explique-t-elle. "Je crois vraiment qu'on a les moyens d'accompagner [les patients] quand la loi [actuelle] est connue et appliquée. Et souvent, ce n'est pas le cas."

Dans la proposition de loi, "les conditions sont dites 'strictes' mais quand on les reprend sur un plan médical, la question du discernement, c'est extrêmement complexe. Qui décide qu'un patient est en capacité de consentir ? Le discernement est souvent altéré, on a souvent une capacité à consentir qui est variable selon les moments", indique la médecin. Par ailleurs, "le pronostic à moyen terme, personne n'est capable de définir ce que c'est. La HAS y travaille depuis un an et n'arrive pas à définir ce que c'est", assure-t-elle. "Nous qui travaillons au quotidien, on sait que la médecine est incapable de faire des pronostics. Il faut avoir l'humilité de le reconnaître." Selon Claire Fourcade, en donnant "la liberté de pouvoir se dire que si à un moment c'est trop difficile, je pourrai arrêter", l'aide active à mourir "prive tous les patients qui sont en fin de vie de la liberté de ne pas se poser la question".

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