Aide à mourir : "Je ne sais pas si c'est un progrès", réagit le ministre de la Santé Yannick Neuder "pas certain" qu'il l'aurait voté comme député

Le ministre de la Santé et de l'Accès aux soins explique, mercredi, qu'il n'est "pas certain" qu'il aurait voté le texte sur le droit à l'aide à mourir s'il était encore député.

Article rédigé par franceinfo
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Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, mercredi 28 mai, sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, mercredi 28 mai, sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Je ne sais pas si c'est un progrès", réagit le ministre de la Santé et de l'Accès aux soins sur franceinfo mercredi 28 mai, au lendemain du vote à l'Assemblée du droit de l'aide active à mourir avec 305 voix pour, 199 contre. "Il faut qu'on ait une position qui soit juste et équilibrée, qui soit humaine", ajoute Yannick Neuder, qui s'en remet au travail du Sénat qui doit examiner le texte, peut-être à l'automne.

Yannick Neuder dit ne "pas être certain" qu'il aurait voté cette proposition de loi, s'il était encore député Les Républicains de l'Isère. "Il ne faut pas que l'aide active à mourir soit une solution parce qu'il n'y a pas de soins palliatifs, ou parce qu'il y a de la difficulté d'accès aux soins", explique le ministre de la Santé. Yannick Neuder appelle à être "robuste sur les critères" et à "respecter la clause de conscience et le volontariat des soignants", qui pourront injecter le produit létal uniquement si le malade en fin de vie est en incapacité de le faire. Selon le texte adopté par les députés, les critères définis sont : être un Français, âgé d'au moins 18 ans, atteint d'une "affection grave et incurable", "qui engage le pronostic vital", "en phase avancée", présenter une "souffrance physique ou psychologique constante" et "être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée".

"Pas uniquement un problème de moyens"

"Les garde-fous sont importants à mettre vis-à-vis des soignants, vis-à-vis des critères d'éligibilité, vis-à-vis de la décision", souligne le ministre de la Santé, qui estime que "dans certains pays d'Europe, parfois certains garde-fous sont franchis". Il milite pour "renforcer la collégialité de la décision" et surtout l'"accès aux consultations antidouleurs", alors que 21 départements n'ont pas de lits en soins palliatifs, selon le dernier bilan du centre national des soins palliatifs et de la fin de vie publié en 2023. Pour renforcer cet accès aux soins palliatifs, qui n'"est pas uniquement un problème de moyens", il veut "former" plus de soignants.

Le ministre s'appuie aussi sur une enquête du Centre consultatif national d'éthique, selon laquelle, "91% des patients renoncent à une aide active à mourir quand ils sont pris en charge par des soins palliatifs". Pour les 9% restants, Yannick Neuder se dit "favorable" à une loi qui permette d'"envisager avec humanité une fin de vie qui se fasse en conformité aux souhaits du patient et qui surtout ne mette pas en porte-à-faux les soignants".

"C'est mon rôle de ministre de la Santé de protéger les Français, d'avoir un libre accès à une aide active à mourir quand la situation est dramatique et que la sédation profonde ne répond pas à cette situation. C'est mon rôle de ministre de la Santé de protéger aussi les soignants, de respecter leur clause de conscience et leur volontariat. Et c'est mon rôle aussi de dire qu'il y a des garde-fous, que ceux-ci ne doivent pas être franchis et que pour cela il faut une collégialité médicale", résume Yannick Neuder.  

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