Scandale des crèches : "Personne n'est en capacité de stopper les dirigeants de crèches dans leurs dérives", prévient Victor Castanet, journaliste et auteur de "Les Ogres"
Mercredi 17 septembre, Victor Castanet, journaliste et auteur du livre-enquête "Les Ogres", était l'invité du 11/13. Il revient, avec cinq nouveaux chapitres, sur le scandale des crèches privées People & Baby et de tout l'écosystème de la petite enfance en France qu'il avait dénoncé dans son enquête en 2024.
Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
Lucie Chaumette : Christophe Durieux, fondateur de People & Baby, mis en cause dès le début dans votre livre, et sa compagne Odile, continuent-ils à travailler dans le milieu de la petite enfance aujourd'hui ?
Victor Castanet : Christophe et Odile sont les fondateurs de People & Baby. Et effectivement, dans la première partie de "Les Ogres", j'ai raconté le développement de ce groupe et un certain nombre de pratiques. À la fois sur le surendettement du groupe qui a causé la perte des fondateurs et des pratiques d'optimisation des coûts qui touchaient la masse salariale, les produits de première nécessité, la nourriture, qui ont eu un impact direct sur les conditions de travail et sur la prise en charge des enfants. Ce qui s'est passé, c'est qu'à force de faire cette politique, il a perdu la direction générale de son groupe. Il y a un fonds d'investissement, qui s'appelle Alcentra, qui a pris les rênes et a nommé un nouveau dirigeant qui s'appelle Philippe Tapier. Ce qu'il faut quand même dire, c'est qu'ils ont découvert en arrivant, cette nouvelle direction, tous les cadavres qui restaient dans le placard.
Notamment une dette abyssale, je crois.
Une dette abyssale de plusieurs centaines de millions d'euros, 600 millions d'euros. Mais aussi le fait que Christophe Durieux et sa femme se sont nourris sur la bête. C'est-à-dire que pendant des années, People & Baby a fonctionné en état de crise. On ne payait pas les fournisseurs à temps, il n'y avait jamais de trésorerie, les équipes étaient mal payées, les équipes étaient sous-dimensionnées. Et en fait, ils se sont rendu compte en arrivant, ils ont pu le documenter, que Christophe et Odile avaient mis en place un montage immobilier avec des structures de SCI. Ils étaient propriétaires des crèches. Moi, j'avais raconté dans mon livre qu'on suspectait des pratiques de surfacturation des loyers au détriment des structures. Et effectivement, il y a des documents que je révèle aujourd'hui qui montrent que ça représentait jusqu'à 3 millions d'euros par an, juste pour ce point-là, qui auraient été surfacturés au détriment de People & Baby, ce qui veut dire que quand vous faites ça, ça se fait au détriment de la masse salariale. C'est-à-dire que votre structure ne génère pas assez d'argent et donc vous réduisez les postes, mais en fait, elle ne génère pas assez d'argent parce que les fondateurs ont pris de l'argent via les loyers. Christophe Durieux et sa femme sont poursuivis pour tout un tas de sujets et aussi par le gouvernement qui, à l'époque, avait fait un article 40 pour des faits de maltraitance et la gestion d'argent public. Et on peut se dire, normalement, vu ce qui s'est passé, vu les dérives qui se sont produites pendant presque 20 ans, ça va s'arrêter là. D'autant qu'il y a eu des drames, comme le drame de Lyon (Rhône), de très nombreuses familles qui ont porté plainte. Aujourd'hui, j'ai découvert qu'ils continuaient ce business dans les crèches avec une association qui s'appelle Enfance pour tous, qui continue à obtenir des marchés. Je cite la ville d'Avon (Seine-et-Marne), qui a, la dernière fois, donné un marché à cette structure. Et ils ont, dans le même temps, monté un nouveau groupe de crèches qui s'appelle Born to be.
Avec déjà une crèche à Neuilly ?
Oui, avec déjà une crèche qui ouvre à Neuilly (Hauts-de-Seine). Et donc on s'est dit : mais comment, en fait, arrête-t-on ces dirigeants qui, pendant des années, ont mis en place des systèmes au détriment de la qualité de la prise en charge, des conditions de travail des professionnels de la petite enfance et de l'argent public ? Eh bien aujourd'hui, ni les PMI, ni la CAF, ni le gouvernement ne sont en capacité de stopper ces pratiques-là.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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