Opération "crèches mortes" : "On nous demande de trouver 40% de professionnels qui n'existent pas", déplore la vice-présidente de la Fédération française des entreprises de crèches

Plusieurs fédérations du secteur se mobilisent lundi alors que les députés ont adopté une proposition de loi visant à renforcer l'encadrement des crèches privées à but lucratif, quelques mois après les révélations de dérives dans le secteur.

Article rédigé par franceinfo
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Une crèche, le 19 janvier 2024. Image d'illustration. (NOÉMIE GUILLOTIN / FRANCE BLEU POITOU)
Une crèche, le 19 janvier 2024. Image d'illustration. (NOÉMIE GUILLOTIN / FRANCE BLEU POITOU)

Une journée "crèches mortes" est organisée lundi 3 février par la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), la Fédération des services à la personne et de proximité (Fedesap) et d'autres fédérations du secteur privé de la petite enfance, en réaction à l'adoption par l'Assemblée nationale, avec le soutien du gouvernement, d'une proposition de loi visant à renforcer l'encadrement des crèches privées à but lucratif, quelques mois après les révélations de dérives dans le secteur par le journaliste Victor Castanet. "On nous demande de trouver 40% de professionnels qui n'existent pas", déplore sur France Culture la vice-présidente de la Fédération française des entreprises de crèches, Thérèse Majnoni d'Intignano.

L'une des principales mesures impose, d'ici à 2026, 40% de professionnels de catégorie 1, diplômés d'État (niveau bac+2 minimum : auxiliaire de puériculture, éducateurs de jeunes enfants), dans les effectifs des structures d'accueil. Mais selon les fédérations du secteur privé, 15 000 salariés ne sont titulaires que d'un CAP Accompagnement Éducatif Petite Enfance. 

"Une enquête de la Cnaf en 2022 indiquait très clairement, tout secteur confondu, qu'il manquait 10 000 professionnels de catégorie 1, donc comment peut-on dire qu'on va supprimer 15 000 professionnels CAP sur l'ensemble des micro-crèches ?, s'interroge Thérèse Majnoni d'Intignano. Pour les remplacer, c'est impossible ! Si on ne peut pas embaucher, les crèches vont fermer."

La mobilisation dénoncée par un syndicat

Pour la directrice de deux micro-crèches à Beaucourt, dans le Territoire de Belfort, Anaïs Voisard, interrogée par ici Belfort-Montbéliard, "une CAP aujourd'hui est tout à fait en capacité d'accompagner un enfant et sa famille. Elles font leur métier au mieux". Dans les petites structures privées qui comptent moins de cinq salariés, les professionnels sont en majorité titulaires d'un CAP, et voient leur diplôme et qualifications dénigrées, dénoncent les fédérations du secteur. Dans le cadre de l'opération "crèches mortes", les salariés ne seront pas en grève. Certaines structures prévoient une fermeture de l'établissement plus tôt, d'autres prévoient de faire porter un t-shirt noir à leurs équipes.

La mobilisation du secteur privé de la petite enfance est en revanche critiquée par le Syndicat national des professionnels de la petite enfance. Dans un communiqué daté du 27 janvier, il estime qu'imposer "40% de professionnels titulaires d’un DEAP, DEEJE ou IPDE est un minimum garantissant qualité et sécurité". Par ailleurs, selon le syndicat, les titulaires d'un CAP AEPE "ne sont pas menacés", ont un "rôle essentiel", "en complémentarité" avec les professionnels diplômés d'État. Le SNPPE dénonce une "nouvelle offensive de lobbying bien orchestrée" des "fédérations et gestionnaires privés" qui "ne défendent pas l’intérêt général mais un modèle économique basé sur la rentabilité, souvent au détriment des enfants, des familles et des professionnels."

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