"On n'enlève pas les avantages acquis" : la suppression de deux jours fériés passe mal auprès de certains Français

Le gouvernement veut supprimer deux jours fériés pour récupérer 4,2 milliards d'euros dans le budget 2026, sans compensation salariale. Une annonce peu appréciée par des habitants de Créteil dans le Val-de-Marne.

Article rédigé par franceinfo - Nicolas Joly
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le gouvernement veut supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8-Mai. (FRANCK DELHOMME / MAXPPP)
Le gouvernement veut supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8-Mai. (FRANCK DELHOMME / MAXPPP)

Deux jours fériés en moins, et pas de salaire en plus. Le gouvernement a précisé les modalités de sa proposition de supprimer deux jours fériés pour économiser 4,2 milliards d'euros dans le budget 2026. "Les salariés mensualisés et les agents publics ne seront pas rémunérés davantage pour ces nouvelles heures de travail" et "en contrepartie, les employeurs du secteur privé s'acquitteront d'une contribution qui sera affectée au budget de l'État", indique notamment le document d'orientation adressé aux partenaires sociaux. Les syndicats doivent faire savoir au gouvernement s'ils souhaitent négocier cette mesure, avant le 1er septembre. Les deux jours fériés dans le viseur de l'exécutif sont le lundi de Pâques et le 8-Mai.

Rue du 8-Mai 1945, à Créteil, dans le Val-de-Marne, l'idée de supprimer ce jour férié n'est pas très bien reçue. "Je suis retraitée, mais je dis non parce qu'on n'enlève pas les avantages acquis. On ne supprime rien", déclare une femme.

Maxime, un militaire, travaille le 8-Mai mais refuse qu'on y touche. "Si on peut débattre librement, si on peut avoir une liberté d'opinion, c'est en partie grâce aux personnes qui ont sacrifié leur vie pour qu'on puisse avoir ce jour-là, explique Maxime. Je pense qu'il est quand même important de s'en souvenir et de pouvoir le garder en férié pour le célébrer dignement et au moins avoir le respect et la mémoire des gens qui y sont restés. Ça serait un peu déshonorer leur mémoire que de supprimer ce jour-là."

"Le lundi de Pâques, c'est important pour l'esprit de famille" 

C'est non aussi pour le lundi de Pâques, explique Thiéfaine, salariée du privé : "Dans ma famille, on n'est pas, on n'est pas du tout pratiquant, mais après, ça permet quand même de se retrouver parce que ça fait des longs week-ends, etc. On peut au moins aller les voir et ça nous permet de voir des gens, de se reposer, de faire autre chose que de travailler." Jacqueline et Patrick sont retraités, mais si Pâques n'est pas fériée, ils verront moins leurs enfants et petits-enfants. "On peut les gâter, on peut leur offrir du chocolat, ça représente quelque chose", explique Patrick. "L'esprit de famille, pour nous, c'est très important. Et lundi de Pâques, c'est quelque chose qui est important pour l'esprit de famille, donc c'est dommage", poursuit Jacqueline.

Alors quels jours supprimer ? Anissa, responsable commerciale et Steevie, cadre, s'interrogent. Mais s'il faut choisir, ils préfèrent perdre "le 15-Août ou la Toussaint parce qu'après, c'est compliqué". Mais ils préfèrent combler la dette autrement. "On peut garder la TVA pareille, mais surtout forcer à ce que les Français gagnent un peu mieux leur vie pour qu'on puisse consommer un peu plus, estime Steevie. C'est plus au niveau de la consommation qu'on peut récupérer un peu plus d'argent."

Une décision au plus tard le 30 septembre

Thiéfaine, elle, veut bien contribuer financièrement : "Personnellement, je préférerais qu'on augmente les impôts puisque de toute manière maintenant, on ne le voit pas, c'est prélevé à la source. Je pense qu'il faut aller chercher chez les plus riches et pas chez les personnes qui ont moins d'argent ou moins de temps, parce que l'on se tue au travail."

Le Premier ministre compte négocier la suppression des jours fériés avec les partenaires sociaux pour une décision au plus tard le 30 septembre. Du côté des partenaires sociaux, beaucoup ont déjà dit qu’ils n’iraient pas négocier. Dans le camp des représentants des salariés, la CFTC répond que pour que le pays travaille davantage, il faut surtout ramener davantage de chômeurs vers l’emploi. Côté patronal, la CPME juge que ce n’est pas aux patrons du privé de décider des modalités d’une mesure qui concernera aussi le secteur public.

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