Harcèlement sur les réseaux sociaux : le député Renaissance Paul Midy dit "oui au pseudonymat et non à l'anonymat"
Paul Midy veut lutter contre "ce sentiment d'anonymat sur les réseaux sociaux qui génère un sentiment d'impunité". Les solutions techniques "existent", assure le député qui entend faire "bouger" les géants du numérique.
"Oui au pseudonymat, et non à l'anonymat", a plaidé mardi 19 septembre sur franceinfo Paul Midy, député Renaissance de l'Essonne et rapporteur général de la commission spéciale sur le projet de loi sur la sécurisation et la régulation de l'espace numérique qui est présenté mardi 19 septembre à l'Assemblée nationale. Ce débat intervient alors que plusieurs cas de harcèlement scolaire sur les réseaux sociaux ont conduit le ministre de l'Education, Gabriel Attal, à mobiliser les recteurs d'académie.
franceinfo : Vous avez déposé plusieurs amendements pour mettre fin à l'anonymat des harceleurs qui se cache bien souvent derrière des pseudonymes. Que proposez-vous ?
Paul Midy : Sur les réseaux sociaux, c'est racisme, misogynie, LGBT-phobie, antisémitisme, islamophobie à tous les étages. Le niveau de violence est beaucoup plus fort que dans la vie physique. Parce qu'il y a ce sentiment d'anonymat sur les réseaux sociaux qui génère un sentiment d'impunité et qui fait qu'il n'y a plus de limites. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut appliquer les règles qu'on a dans la vie physique à l'espace numérique, c'est-à-dire aux réseaux sociaux. Le principe est : oui au pseudonymat, et non à l'anonymat.
Je prends trois exemples dans la vie concrète. Quand je suis dans la rue, je n'ai pas l'obligation de mettre mon nom sur ma veste. J'ai le droit au pseudonymat. Mais si la police m'arrête, je dois décliner mon identité. Quand je suis dans une voiture sur la voie publique, je n'ai pas non plus l'obligation de mettre mon nom sur la voiture. J'ai droit au pseudonymat. Mais je ne peux pas conduire sur la voie publique avec une voiture qui n'a pas une plaque d'immatriculation qui permette aux autorités d'identifier à qui elle appartient. Troisième exemple : quand j'ai une ligne de téléphone, j'ai un numéro de téléphone, il n'y a pas mon nom dedans. Par contre, quand je crée ma ligne de téléphone, je donne ma carte d'identité. Et donc je ne suis pas anonyme.
Que "les autorités puissent retrouver qui est la personne physique derrière le compte sur les réseaux sociaux d'une façon extrêmement encadrée."
Paul Midyfranceinfo
Il faut, évidemment, si vous créez un compte sur Facebook, que vous ayez un pseudonyme. Si je veux l'appeler Paulo 91 et mettre une photo de mon chat, je dois en avoir parfaitement le droit. Mais mon compte doit être associé à une identité numérique pour que, si avec ce compte je fais des choses qui sont illégales, les autorités puissent retrouver qui est la personne physique derrière le compte sur les réseaux sociaux d'une façon extrêmement encadrée.
Comment, techniquement, pouvez-vous le mettre en place ?
C'est très simple, les solutions existent. Vous avez par exemple France Identité qui existe ou l'identité numérique de la Poste. Il suffit, au moment de la création d'un compte, que Facebook fasse le lien avec France Identité. Et France Identité ne renvoie que deux informations : il y a bien une personne physique derrière ce compte et voilà le code indéchiffrable qu'on demande à Facebook d'associer au compte réseau social, que Facebook ne sait pas déchiffrer mais que les autorités peuvent déchiffrer si vous faites des choses illégales avec votre compte réseau social. Parce qu'on ne veut pas que Facebook ait votre carte d'identité. Je ne veux pas que Facebook ait la carte d'identité de tous les Français. Je veux juste qu'ils aient un code chiffré, qu'ils ne peuvent pas eux-mêmes lire, mais que les autorités peuvent lire dans un cadre très précis, comme le système d'immatriculation des voitures.
Pour cela, il faut avoir l'aval de ces géants d'Internet. Est-ce que c'est facile de l'obtenir ?
Les géants du numérique, on les fait bouger avec la loi. Donc aujourd'hui, on lance un débat à l'Assemblée nationale. Mais évidemment, pour avoir le plus d'impact sur des plateformes qui sont internationales, il faut faire ça aussi au niveau de l'Union européenne. C'est la force de l'Union européenne de pouvoir imposer ça à des grandes plateformes internationales.
Mais est-ce qu'on n'écorne pas quand même la liberté d'expression ?
Je ne veux surtout pas toucher à un doigt de la liberté d'expression et à nos libertés individuelles. Elles sont extrêmement importantes. C'est le fondement de notre démocratie. Mais par contre, on doit ne pas générer, comme on le fait avec les réseaux sociaux aujourd'hui, ce sentiment d'anonymat qui crée un sentiment d'impunité et qui génère de la violence. On peut s'exprimer dans le monde physique, on a plein de moyens pour s'exprimer dans le monde physique. C'est pour ça que tout le monde doit pouvoir être sous pseudonyme. Mais si jamais je fais quelque chose d'illégal et de répréhensible, les autorités doivent pouvoir m'identifier très facilement.
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