Égalité filles-garçons en mathématiques : "La société fait inconsciemment une sorte de lobbying contre la présence des filles en sciences", dénonce le mathématicien Hugo Duminil-Copin

Le lauréat français de la prestigieuse médaille Fields en 2022 réagissait sur franceinfo à la proposition de la ministre de l'Education nationale de fixer un objectif d'au moins 20% de femmes dans chaque classe préparatoire scientifique en 2026 et 30% en 2030.

Article rédigé par franceinfo
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Le mathématicien français Hugo Duminil-Copin à Genève (Suisse), le 28 juin 2022. (FABRICE COFFRINI / AFP)
Le mathématicien français Hugo Duminil-Copin à Genève (Suisse), le 28 juin 2022. (FABRICE COFFRINI / AFP)

"La société dans son ensemble fait inconsciemment une sorte de lobbying contre la présence des filles en sciences", assure, mercredi 7 mai, sur franceinfo Hugo Duminil-Copin, mathématicien, lauréat de la médaille Fields, en 2022.

Il réagit à la proposition de la ministre de l'Education nationale de fixer un objectif d'au moins 20% de femmes dans chaque classe préparatoire scientifique en 2026 et 30% en 2030. "Augmenter le nombre de femmes de façon mécanique et forcé dans certaines classes préparatoire permettra de les aider à passer cette période de la vie dans des conditions similaires à celles des garçons" et d'"avoir cette impression d'être au bon endroit", assure-t-il. 

"Il n'y a aucune raison que les filles y arrivent moins que les garçons"

Selon Hugo Duminil-Copin, il est "très important de pouvoir s'identifier quand on se dirige dans une filière" et ainsi renforcer la présence des femmes dans ces filières. "Les parents, les médias, tout participe à renforcer cette idée que les jeunes filles seraient moins faites pour les sciences que les jeunes garçons, alors que tout le monde a les mêmes outils pour s'attaquer aux sciences", dit-il. Avant de préciser : "Tous les jeunes enfants arrivent avec les mêmes capacités. On construit sa connaissance en mathématiques qui n'a rien d'inné et il n'y a aucune raison qu’elles y arrivent moins que les jeunes garçons." 
 
Le mathématicien soulève aussi la question "des biais inconscients" et assure qu'il faut sensibiliser les enseignants et les parents à ces questions. "Je ne compte même plus le nombre de jeunes filles qui viennent à mes exposés grand public accompagnées et dont les parents s'excusent presque qu'elles aiment les mathématiques. On a l'impression qu'il y a une forme de surprise, d'incompréhension. Cela ne m'est jamais arrivé avec un jeune garçon", raconte Hugo Duminil-Copin. "Inconsciemment, ces parents découragent les jeunes filles", selon lui. Et de conclure : "Les parents doivent prendre conscience qu'il faut les encourager."

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