Éducation : 4% seulement des enseignants français "se sentent valorisés" par la société, selon une étude de l'OCDE

L'Organisation de coopération et de développement économiques a interrogé 280 000 enseignants de 55 pays. C'est la plus grande enquête internationale sur ce sujet qui existe. Elle recueille la voix des professeurs tous les cinq ans.

Article rédigé par franceinfo
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50% des enseignants au collège et 60% de ceux qui enseignent à l’école élémentaire estiment que leur formation initiale n'est "pas de grande qualité" (photo d'illustration). (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)
50% des enseignants au collège et 60% de ceux qui enseignent à l’école élémentaire estiment que leur formation initiale n'est "pas de grande qualité" (photo d'illustration). (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Quelque 4% des enseignants français "se sentent valorisés" par la société, selon la nouvelle étude Talis, menée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), réalisée en 2024, publiée mardi 7 octobre, et que France Inter a pu consulter. C'est le taux le plus bas au niveau international dans cette enquête consacrée aux "conditions d’exercice et perceptions du métier d’enseignant à l’école élémentaire et au collège en France".

Dans cette édition 2024, les enseignants français témoignent de leurs difficultés et surtout du manque de considération qu'ils ressentent. Selon les résultats de cette étude, leurs conditions de travail se sont dégradées de manière considérable.

Une formation initiale "qui n'est pas de grande qualité"

Les classes sont plus hétérogènes, les profils d'élèves plus variés : "74% des enseignants déclarent qu'ils sont dans une école où il y a plus de 10% d'élèves avec des besoins éducatifs particuliers". C'est une augmentation très forte, car il n'y avait que "45% des professeurs qui étaient dans une telle situation" en 2018. "On comprend que le métier est de plus en plus difficile", résume Eric Charbonnier, directeur de l'éducation à l'OCDE.

Pour "un enseignant sur deux au collège et six sur dix à l’école élémentaire", leur formation initiale "n'est pas de grande qualité". Ils sont aussi 56% au collège et 65% à l’école élémentaire à affirmer que la non-pertinence de l’offre de formation professionnelle constitue "un obstacle à leur participation à des activités de formation continue", peut-on lire dans cette enquête.

Retard sur les nouvelles technologies

Les professeurs sont également très peu formés à la gestion de classe et à la prise en compte de la différence. Sur l'intelligence artificielle par exemple, la France est dernière de la classe. "Il y a simplement 9% des enseignants qui déclarent avoir été formés sur l'utilisation de l'intelligence artificielle, quand la moyenne des pays de l'OCDE est de 38%", détaille Eric Charbonnier. 

"On peut dire que la France a un peu raté le train."

Eric Charbonnier

étude OCDE

"Vous avez 14% des enseignants qui l'ont utilisée, l'année précédant le test, alors que la moyenne des pays de l'OCDE est autour de 40%", détaille le directeur de l'éducation à l'OCDE. Les "principales raisons avancées par les enseignants qui n’y ont pas eu recours sont un manque de connaissances et de compétences nécessaires pour enseigner à l’aide de l’IA" ou encore "que leur établissement ou école ne disposent pas de l’infrastructure nécessaire en matière de ressources et outils numériques", indique l'enquête.

Une insatisfaction sur la rémunération malgré l'envie d'enseigner

Le manque de collaboration entre les enseignants français est aussi un point faible. Dans d'autres pays, lorsque les professeurs travaillent ensemble, ils éprouvent plus de satisfaction et se sentent plus valorisés, observe l'OCDE.

À l’école élémentaire comme au collège, "les enseignants en France expriment une motivation forte pour leur mission de transmission". Ainsi, "neuf sur dix déclarent se sentir souvent heureux lorsqu’ils enseignent et autant affirment enseigner généralement avec enthousiasme", indique le document.

En revanche, ils se plaignent de leur rémunération. La question de l’attractivité du métier est "au cœur des préoccupations". Les résultats de l’enquête révèlent aussi "un faible sentiment de satisfaction". Les enseignants en France "sont ainsi 27% au collège et 22% à l’école élémentaire à déclarer être satisfaits de leur rémunération". Ces proportions "sont inférieures de 10 points à la moyenne de l'Union européenne au collège et parmi les plus basses à l’école élémentaire", résume l'enquête de l'OCDE.

Quelque 280 000 enseignants ont été interrogés dans 55 pays de l'OCDE. Cette enquête internationale est la plus grande qui existe sur le sujet et recueille la voix des professeurs tous les cinq ans.

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