Baccalauréat 2023 : les sujets pourront-ils être proposés en écriture inclusive ?
Un syndicat étudiant marqué à droite s’est ému récemment de ce qu’un sujet d’examen rédigé en écriture inclusive a été proposé à des étudiants en droit à Lyon. Si rien n’en interdit l’usage à l’université, elle est pourtant proscrite dans l'enseignement secondaire.
"Propagande", "des mots inventés", un examen "illisible" : c’est peu dire que le sujet d'examen, donné mercredi 10 mai aux étudiants en licence de droit de l'université Lyon-2, a suscité des réactions épidermique chez les allergiques à l’écriture inclusive. Au cœur de cet émoi, un cas pratique à résoudre, qui portait sur la situation de personnes non-binaires (celles qui représentent les identités de genre autres que la binarité exclusive homme-femme), rédigé entièrement en écriture inclusive. Avec, par exemple, "ils" remplacé par "als", ou professionnels par "professionnaels".
"Les sujets d'examen ne doivent pas être le lieu de la propagande woke !", s’indigne sur Twitter dans la foulée l’Union nationale inter-universitaire (UNI), une association d’étudiants classée à droite, tandis que des internautes appellent à sanctionner l’auteur du sujet d’examen, d’autres soulignant le caractère supposément illégal de la démarche. Et craignant de voir les sujets du baccalauréat, eux aussi, bientôt rédigés en écriture inclusive.
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L’université de Lyon-2 leur oppose dans un communiqué publié quatre jours plus tard la liberté pédagogique des enseignants-chercheurs, lesquels sont "entièrement libres quant aux sujets d’examens et à leur formulation". "Si la rédaction du sujet peut surprendre de prime abord, elle invite également, dans le cadre d’un enseignement sur la famille, à réfléchir aux normes linguistiques et à la manière dont elles façonnent les représentations sociales des liens d’alliance et de parenté", indique ainsi Lyon-2.
Voilà qui clôt le débat, au moins pour l’enseignement supérieur. Mais pour l’enseignement secondaire ? Verra-t-on, pour les épreuves du baccalauréat 2023, des sujets d’examen rédigé, tout ou partie, avec certains marqueurs de l’écriture inclusive ? Avec, par exemple, l’utilisation du point médian, signe de ponctuation standardisé qui permet d’accorder en genre et en nombre un grand nombre de mots dans la langue française. Rien n’est, en l’état, moins sûr.
La circulaire Blanquer proscrit l'écriture inclusive dans le secondaire
En mai 2021, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer avait proscrit l'utilisation de l'écriture inclusive via une circulaire, expliquant que sa "complexité" et son "instabilité" constituaient des "obstacles à l'acquisition de la langue comme de la lecture". Et comme les épreuves du baccalauréat sont préparées par le ministère, et qu’une nouvelle circulaire n’est pas venue, depuis, la contredire, il est peu probable que les services du ministère s’y risquent cette année.
Certains opposeront qu’une circulaire n’est pas une loi, que ses dispositions ne sont pas immuables. Ainsi, le 14 mars 2023, la justice administrative a rejeté le recours d'une association qui réclamait le retrait de deux plaques commémoratives de l'Hôtel de ville de Paris, gravées en écritures inclusives. "L'écriture inclusive ne méconnaît pas la loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française" ni "aucun autre texte ou principe", a estimé le tribunal administratif de Paris, arguant que les "circonstances" dans lesquelles avaient été prise la circulaire Blanquer, invoquée par l’association à l’origine du recours, comme la lettre au même moment de l'Académie française s'opposant également à l'usage de l'écriture inclusive, étaient "sans incidence sur la légalité de la décision attaquée de la Ville de Paris".
La jurisprudence, en la matière, n’est pas encore foisonnante. Et la question, pour l’avenir, n’est pas encore tranchée : dans une décision rendue jeudi 11 mai, le tribunal administratif de Grenoble a décidé d'annuler les statuts du service des langues de l'Université Grenoble-Alpes (UGA), au motif qu'ils ont été rédigés en écriture inclusive. Dans sa décision, le tribunal administratif de Grenoble explique que "conformément au constat opéré par l'Académie française (...), l'usage d'un tel mode rédactionnel a pour effet de rendre la lecture de ces statuts malaisée alors même qu'aucune nécessité en rapport avec l'objet de ce texte, qui impose, au contraire, sa compréhensibilité immédiate, n'en justifie l'emploi".
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