70% des écoles construites avant 1997 sont encore susceptibles de contenir de l'amiante, dénonce l'intersyndicale de l'Education nationale

Les syndicats dénoncent un manque de transparence mais aussi de moyens pour que les collectivités puissent entamer les travaux nécessaires.

Article rédigé par franceinfo
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Autocollant d'information sur le danger de l'amiante. (JEAN-MARC LALLEMAND / MAXPPP)
Autocollant d'information sur le danger de l'amiante. (JEAN-MARC LALLEMAND / MAXPPP)

Nos enfants sont-ils confrontés à de l'amiante quotidiennement au sein même des établissements scolaires ? Les syndicats d'enseignants alertent jeudi 13 mars sur la présence de ce matériau, massivement utilisé dans la construction de bâtiments, jusqu'à son interdiction en 1997. L'amiante est aujourd'hui reconnu comme très toxique, mais reste présent dans de nombreux équipements.

Les syndicats dénoncent un manque d'information générale sur la présence d'amiante. Ils dépendent des collectivités locales, qui sont propriétaires des bâtiments scolaires et en ont la responsabilité, mais dans beaucoup d'endroits, les personnels n'ont pas accès aux diagnostics techniques. Une étude récente, réalisée par le ministère de l'Education nationale montre que l'immense majorité des établissements ont été construits avant 1997, date d'interdiction de l'amiante.

Particulièrement dangereux dans les maternelles

Parmi ces bâtiments, 70% sont susceptibles de contenir de l'amiante, et souvent, en contact direct avec les élèves, assure Guislaine David, représentante du Snuipp; Elle prend l'exemple des plus petits, en maternelle : "il y a notamment des dalles, avec des matériaux qui s'effritent, qui vont être au plus proche des enfants. D'abord parce qu'ils sont plus proches du sol, et souvent ils sont assis par terre. Et il y a aussi toutes les surfaces friables, notamment sur les murs, où ils vont gratter des morceaux de peinture et tirer des petits morceaux. On sait que les enfants de maternelle sont très confrontés à ça. C'est problématique."

Les matériaux contenant de l'amiante deviennent dangereux surtout quand ils se dégradent, par le vieillissement ou en cas de travaux ou bricolage, comme quand on perce un mur pour fixer un rétroprojecteur dans une classe ou quand on ponce une surface.

Les collectivités manquent de moyens pour les travaux

Désamianter coûte cher, et les collectivités manquent de fonds pour faire les travaux nécessaires, explique Vincent Loustau, directeur d'école et secrétaire fédéral à la CFDT. "On pense aux petites communes rurales qui sont souvent confrontées à ces problématiques de désamiantage et qui n'ont pas les moyens financiers d'y faire face. Les coûts de désamiantage étant très élevés, les mairies n'ont pas les moyens et préfèrent fermer leurs écoles."

Ces syndicats demandent donc un plan national de la part de l'Etat pour aider les mairies, les départements et les régions à réaliser les travaux nécessaires. Ils réclament aussi une plus forte réactivité quand on constate qu'il y a de l'amiante quelque part. Car, aujourd'hui, ces organisations observent une certaine inertie. "A La-Roche-Sur-Yon, il y a un lycée dans lequel la collectivité territoriale a carrément refusé de réaliser des actions correctives, assure Emilie Declercq, de Sud Education.

"Il me semble que c'était sur des poteaux dont les enduits sont amiantés, donc des choses devant lesquelles on passe tous les jours, explique Emilie Declercq. Les élèves se frottent, frottent leurs cartables et c'est susceptible de libérer des fibres de manière importante.

"Dans deux collèges de la Sarthe, il y a eu des actions correctives préconisées… en 2017. Rien n'a été fait."

Emilie Declercq, de Sud Education

à franceinfo

"Huit ans plus tard, c'est exactement la même chose, il n'y a pas de travaux qui ont été engagés", regrette la représentante de Sud Education.

Il faudrait, a minima, condamner les salles de cours quand on constate qu'il y a un risque d'exposition à l'amiante, défend l'intersyndicale. Le ministère assure porter une attention particulière à la prévention du risque amiante. C'est dans ce cadre qu'une nouvelle enquête a été menée l'année dernière, auprès des établissements scolaires, pour avoir un état des lieux consolidé. A partir de ces données, des actions correctrices doivent être mises en œuvre, sur plusieurs années.

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