Reportage "Les talibans nous envoient leurs filles, c’est une situation schizophrène" : en Afghanistan, les jeunes filles réduites à la clandestinité pour étudier

Un "apartheid de genre" dénoncé par l’ONU : l'Afghanistan est le seul pays au monde qui interdit l’école secondaire et l’université aux filles. C’est l’une des décisions les plus critiquées prises par le régime des talibans depuis leur retour au pouvoir en  2021.

Article rédigé par Dominique André
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Femmes afghanes. (SEBASTIEN JOLY/WOSTOK PRESS / MAXPPP)
Femmes afghanes. (SEBASTIEN JOLY/WOSTOK PRESS / MAXPPP)

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes, et une occasion de plus de rappeler que les femmes afghanes vivent dans l’obscurité, cachées dans des pièces occultées aux regards, interdites de parler à voix haute, de chanter, de lire de la poésie... 

Réfugié en France, Shakir Habibyar, qui fut en charge de l’éducation des filles dans l’ancien gouvernement renversé par les talibans en 2021, dénonce le sort qui leur est réservé : "Environ 4,5 millions de filles allaient à l’école, elles étaient scolarisées, plus de 800 000 femmes avaient accès aux cours d’alphabétisation. Beaucoup de filles et de femmes participaient à des évènements culturels et internationaux. Depuis 2021, à l’arrivée du régime des talibans, les choses ont changé. Les femmes en Afghanistan sont malheureusement sacrifiées". 

Des "écoles" clandestines, tolérées par les talibans

Exclues de l'espace public et de nombreux métiers, notamment dans le domaine de la santé, Les femmes afghanes tentent de résister. L’ONG FemAID, dirigée par Carol Mann, soutient l’ouverture d’écoles clandestines. "Les écoles qui sont en fait des classes ont lieu surtout dans des appartements, raconte-telle. On se met d’accord avec le propriétaire pour un petit système de gardiennage et de sécurité. Je pense que les talibans savent. Dans certains cas, ils acceptent et même, ils nous envoient leurs filles. C’est une situation schizophrène. Il a été dit qu’il y a 10 000 écoles".

"Chez nous, il y a 3 000 filles pour à peu près 200 enseignantes."

Carol Mann, fondatrice de FemAID

à franceinfo

"On voudrait bien étendre ça, mais les ordinateurs et les cartes sim sont chères, pointe l'humanitaire. On leur a financé des téléphones, des ordinateurs et des iPad, parfois il y a en a un seul pour toute la classe, il faut prévoir ça aussi".

La scolarisation est un secteur-clé pour l’avancement des droits des Afghanes, qui représentent 50% de la population. Leur donner accès à l’éducation et à l’université est également indispensable pour l’économie et le développement social de l'Afghanistan.

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