: Témoignages "Je me dis toujours que c'est loin de moi..." : des consommateurs de drogues très partagés sur les mesures du gouvernement contre le narcotrafic
En déplacement à Marseille, les ministres de l'Intérieur et de la Justice ont affiché leur volonté de renforcer les moyens policiers et judiciaires contre le narcotrafic. Y compris en visant les consommateurs.
La lutte contre le narcotrafic érigée en "cause nationale". Les ministres de la Justice et de l'Intérieur, Didier Migaud et Bruno Retailleau, ont appelé vendredi 8 novembre à Marseille à "faire front commun" et à agir "vite" dans la lutte contre le trafic de drogue. Les deux hommes ont dévoilé leur plan contre la criminalité organisée dans la cité phocéenne, théâtre d'une guerre de territoire sanglante entre gangs de narcotrafiquants.
Le garde des Sceaux s'est ainsi redit favorable à la création d'un "parquet national", permettant de lutter au-delà des stupéfiants contre la criminalité organisée. Et pour les consommateurs, Didier Migaud appelle à un "électrochoc". Une campagne de communication doit ainsi être lancée pour rappeler le lien entre la drogue et la violence, après plusieurs fusillades meurtrières liées aux trafics de drogue.
Reste que, ces consommateurs réguliers, croisés en région parisienne, sont partagés quant à l'efficacité d'une telle campagne. Cela fait par exemple deux ans qu'Axel, 16 ans, prend régulièrement de l'ecstasy, sans penser aux règlements de compte, avoue-t-il. "Je me dis toujours que c'est loin de moi, que c'est ce n'est pas ma faute. Je suis dans un bon environnement, je ne vis pas ça tous les jours... Je ne m'en rends pas compte. Je ne vois pas la souffrance que ça engendre".
"C'est vrai que je devrais arrêter..."
Bérénice fume, elle, du cannabis de façon récréative. "On n'est pas au courant et on ne souhaite pas être mis au courant. Les gens ne font pas forcément le rapport entre fumer un pétard et des gens qui meurent dans la rue", avance-t-elle. Adrien, lui, aussi l'avoue : il fait "abstraction" du trafic lorsqu'il prend de la cocaïne tous les samedis en boîte de nuit. "Je n'y pense pas honnêtement. On pense forcément à nous, c'est une forme d'égocentrisme. C'est vrai que je devrais arrêter..."
Cette prise de conscience, Victor, ancien dealer et consommateur, l'a eue récemment devant un reportage sur la guerre des gangs à Marseille. Il s'est alors senti coupable. "Tu te poses la question : est-ce que j'aide vraiment ce trafic ou est-ce que je suis juste le dernier maillon de la chaîne ? Moi, je suis un petit consommateur comme ça, c'est juste mon plaisir. Je ne sers à rien dans tous ces massacres", confesse-t-il.
Avant de poursuivre : "Ça a marché pour moi d'avoir vu un reportage. C'est pour ça, en partie, que j'arrête de consommer. S'il y en a quelques-uns qui arrêtent, ça ne fera que du bien à leur santé et mènera à la fin du trafic de drogue. C'est une très bonne idée".
"Culpabiliser, c'est éduquer par la violence et par la peur"
Bérénice secoue la tête : elle n'est pas d'accord et accuse l'Etat de mettre toute la faute sur le dos de l'acheteur. "C'est pas infantilisant, c'est violent. Culpabiliser, c'est éduquer par la violence et par la peur. On nous rejette la faute et on nous fait peur. On nous dit : 'Regardez-vous, vous êtes des mauvaises personnes, vous tuez les gens'. Ça ne sert à rien d'éduquer les gens par la violence. S'il y a quelqu'un qui est coincé là-dedans, ce n'est pas en le faisant regretter ses actes qu'il changera son point de vue", dénonce-t-elle.
Aujourd'hui en France, selon l'association Marseille en colère !, envirion un million de personnes consomment de la drogue chaque jour. En 2023, 49 morts liés au narcotrafic avaient été recensés à Marseille, dont sept mineurs, un record. La plupart de ces meurtres avaient eu lieu sur fond de guerre opposant les gangs DZ Mafia et Yoda pour le contrôle des points de vente de drogues. Depuis le début de l'année, 17 narchomicides ont été décomptés dans la ville. Cette guerre des gangs implique des adolescents de plus en plus jeunes.
Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes dépendant à une substance (tabac, alcool, médicament ou drogue), il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Drogue info est joignable 7j/7 de 8 heures à 2 heures du matin, au 0 800 23 13 13. Un chat individuel est également disponible de 14 heures à minuit du lundi au vendredi et de 14 à 20 heures le week-end.
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