Salles de consommation de drogue à moindres risques : deux associations attaquent l'Etat en justice pour son "inaction"

L'ONG Médecins du monde et la Fédération addiction, une association française regroupant des organismes et des professionnels travaillant dans le champ de l'addictologie, craignent que les salles de consommation de drogue à moindres risques ferment à la fin de l'année.

Article rédigé par franceinfo
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La salle de consommation à moindre risque de Strasbourg est ouverte depuis 2016. (SEBASTIEN BOZON / AFP)
La salle de consommation à moindre risque de Strasbourg est ouverte depuis 2016. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Deux associations, Médecins du monde et la Fédération Addiction, annoncent attaquer l'État en justice, au tribunal administratif, pour demander la pérennisation de deux expérimentations des salles de consommation de drogue à moindres risques, révèle lundi 14 avril France Inter. "Les salles de consommation de drogue à moindres risques sont-elles menacées de fermeture ?", s'interrogent l'ONG Médecins du monde et la Fédération addiction, une association française regroupant des organismes et des professionnels travaillant dans le champ de l'addictologie. Ces deux associations recommandent de ne pas utiliser le terme "salles de shoot", jugé péjoratif et réducteur.

"Elles ont montré leur efficacité"

Les deux expérimentations en question ont été lancées en 2016 à Strasbourg et à Paris, près de la gare du Nord. Elles doivent prendre fin le 31 décembre prochain, ce qui inquiète Médecins du monde et la Fédération Addiction. Ces structures permettent "une consommation de drogue encadrée par des soignants et des travailleurs sociaux" mais aussi "d'éviter des consommations de rue". Elles "ont montré leur efficacité, selon plusieurs rapports des services de l'État notamment" et "ont permis de faire reconnaître la réduction des risques comme une politique de santé publique à part entière".

La salle de consommation parisienne située près de l'hôpital Lariboisière, reçoit chaque jour 250 personnes qui viennent s'injecter de la drogue. C'est une manière de sécuriser la consommation des toxicomanes. "C'est un dispositif qui sauve des vies", défend Élisabeth Avril, médecin et directrice de Gaïa, l'association qui gère la structure à Paris. "En 2024, il y a eu 79 000 injections dans la salle, ce sont des injections qui ne se sont pas passées dans un hall d'immeuble, entre deux voitures, comme ça se passait avant l'ouverture de la salle", précise-t-elle.

"Elles doivent devenir une réalité pérenne"

Ces salles de consommation de drogue, appelées aussi "HSA", haltes soins addictions, "ne doivent pas être une simple expérimentation", selon Médecins du monde et Fédération Addiction. "Elles doivent devenir une réalité pérenne, inscrite dans le système de santé français. Il est urgent de permettre aux usagers et usagères de drogues un accès inconditionnel à leurs droits et à des soins adaptés en légalisant les HSA. C’est une question de dignité humaine et de santé publique", peut-on lire dans le communiqué présentant cette action en justice contre les services de l'État. Les HSA, "encore en phase d’expérimentation jusqu’en décembre 2025, n’ont aucune garantie de pérennisation. Bien au contraire, les récentes décisions des autorités, comme le refus d’ouvrir une HSA à Marseille, laissent présager une volonté de faire reculer ce dispositif", est-il aussi écrit.

Les rapports des inspections générales de l'administration et des affaires sociales soulignent les bénéfices pour toute la société de ces structures, note Céline Debeaulieu de Médecins du monde, qui saisit donc la justice pour contraindre l'État à les maintenir. "Quand il y a des hospitalisations qui sont évitées, des gens qui ne sont pas contaminés par le VIH, ça évite des coûts qui se répercutent sur la société dans son ensemble", argumente-t-elle.

L'ONG dépose aussi un autre recours, cette fois avec l'association AIDES, à Marseille où le préfet a refusé d'ouvrir une nouvelle salle de consommation à moindres risques.

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