: Reportage "L’inspection est assez complexe" : comment les douaniers du port du Havre recherchent la cocaïne dissimulée dans les conteneurs, à l'aide d'un scanner fixe

Le port du Havre, porte d’entrée de la cocaïne en France, représente près de 80% des saisies portuaires, soit 14,3 tonnes en 2024. Près de 350 agents sont déployés pour lutter, entre autres, contre le narcotrafic à l’arrivée des cargos. Franceinfo s'est rendu sur le site du scanner fixe des douanes, un endroit très sécurisé.

Derrière les grilles de ce lieu hautement sensible, l’un des douaniers nous conduit dans un vaste entrepôt spécialisé : "On a un scanner fixe qui nous permet de scanner un conteneur entier et si le doute n’est pas levé, on va scanner les marchandises, sac par sac, ça s’appelle le dépotage." Les contrôles sont parfois aléatoires, mais ils se font surtout sur la base de renseignements ou d’analyses : "Nos collègues connaissent très bien les flux qui transitent par le port du Havre, ça nous permet d’effectuer de nombreuses constatations."

Cet agent a accepté de nous parler des contrôles de cocaïne, mais à condition de rester anonyme : "L’inspection d’un conteneur est assez complexe. En fonction de la taille, certains sont réfrigérés, d’autres font l’objet d’une fumigation, c’est-à-dire que des gaz sont injectés dans le conteneur au départ et nous, on doit passer un détecteur de gaz, avant l’ouverture."

"Si on doit vider tout le conteneur, ça peut prendre plusieurs jours."

un douanier du port du Havre

à franceinfo

Le douanier a pu constater une augmentation des saisies ces dernières années : "Au départ, c’était plutôt dans des sacs de sport cachés juste derrière les portes des conteneurs. C’était assez simple à trouver, on a effectué des saisies de ce type pendant un certain temps, essentiellement des pains de cocaïnes, pour un poids d'à peu près un kilo."

"Des découvertes dans les meubles de déménagement, dans les véhicules..."

Mais, selon lui, au fur et à mesure des années, les moyens de dissimulation se sont perfectionnés : "On a fait des découvertes dans les meubles de déménagement, dans les véhicules, des caches aménagées dans les portières, mais aussi dans les sacs de café - parce que le port du Havre est une place forte pour le café -, à l’intérieur des marchandises, au milieu du chargement. On a entendu parler de cocaïne liquide, mais on n’a pas encore vu ça au Havre."

Le douanier, qui préfère ne pas en dire plus sur leur méthode, se fait lui-même très discret : "On a passé un concours, on s’inscrit dans cette lutte contre le trafic, mais il faut prendre des précautions, ne pas apparaître sur les réseaux sociaux, des choses comme ça." Il nous est impossible, au cours de cette visite, d’approcher le scanner fixe. Il y a quelques années, un autre scanner avait pris feu sur le site, incendié par des trafiquants.