En Europe, "l'esclavage moderne est à portée de métro, de RER ou de TGV"
40 millions de personnes sont en état d'esclavage moderne, dont "25 millions" en situation de travail forcé selon Sylvie O’Dy, présidente du Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), au jour du 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage.
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La France a célébré, jeudi 10 mai, le 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Une cérémonie commémorative présidée par le Premier ministre Edouard Philippe a eu lieu à Paris.
"On ne peut pas dire que l'esclavagisme a disparu", a affirmé jeudi sur franceinfo Sylvie O’Dy, présidente du Comité contre l’esclavage moderne (CCEM). Elle a rappelé les chiffres de l'OIT qui évalue à 40 millions le nombre de personnes en état d'esclavage moderne, dont "25 millions" en situation de travail forcé. Cet esclavage moderne "rapporte plus de 150 milliards de dollars par an aux exploiteurs", a indiqué Sylvie O’Dy. Elle a souligné que "ni la France ni aucun pays de l'Union européenne" ne sont épargnés. "Cet esclavage moderne est à portée de métro de RER ou de TGV. Cela se passe dans le huis clos des domiciles ou le huis clos des ateliers".
franceinfo : Vous estimez qu'il y a aujourd'hui dans le monde 40 millions de personnes qui sont victimes de cet esclavage moderne.
Sylvie O’Dy : C'est un chiffre qui vient de l'Organisation internationale du travail (OIT) de l'ONU. Cela signifie que c'est égal à la population de la Belgique, de la Grèce, de la Hongrie et de la Suède réunis. L'OIT ajoute que 89 millions d'êtres humains ont été en situation d'esclavage ou de mariage forcé pendant des périodes allant de quelques jours à plusieurs années entre 2012 et 2016. C'est énorme. On ne peut pas dire que l'esclavagisme a disparu. Au contraire.
Qu'est-ce que l'esclavage moderne ?
La plus grande partie de l'esclavage moderne, c'est du travail forcé. Sur ces 40 millions de personnes, il y en 25 millions - en situation - de travail forcé, 15 millions - en situation - de mariage forcé. C'est un travail contraint que la personne ne peut pas quitter librement, qu'elle effectue sous la menace, sans rétribution et dans des conditions de vie et de travail contraires à la dignité humaine. On le retrouve principalement dans l'esclavage domestique, mais également dans la construction, dans les produits manufacturés, dans l'agriculture, dans les pêcheries, les services, le commerce de gros et de détail, les mines et la mendicité. Cela se passe généralement dans des économies informelles ou dans des États faibles où les gens sont extrêmement vulnérables. Ces situations permettent à des exploiteurs de tirer profit. Cela rapporte plus de 150 milliards de dollars par an aux exploiteurs.
Quels sont les pays où on a recours à cet esclavage moderne ?
C'est différent selon les formes d'esclavage. En Afrique il y a plus de mariages forcés. Il y a aussi les mines. En Asie-Pacifique, il y a beaucoup de travail forcé, les industries, le textile, la pêcherie, les briqueteries. En Europe et en Asie centrale, il y beaucoup de travail forcé dans la construction, les services. Au Moyen-Orient, il y a les constructions des grands stades, et l'esclavage dans le domaine domestique.
La France est-elle épargnée ?
Non, ni la France ni aucun pays de l'Union européenne. La France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, sont des pays où il existe des formes d'esclavage contemporain, généralement cachées. Ce sont des invisibles. C'est très difficile de les aider. Nous avons, depuis une vingtaine d'années, accompagné plus de 710 victimes, principalement des femmes, victimes de l'esclavage domestique, mais pas uniquement. Nous avons soutenu plus de 250 procès, dont deux devant la Cour européenne des droits de l'Homme où la France a été condamnée par deux fois. Personne ne peut imaginer que cet esclavage moderne est à portée de métro, de RER ou de TGV. Cela se passe dans le huis clos des domiciles ou le huis clos des ateliers.
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