Reportage "Sur la durée, ça m'étonnerait que ça tienne" : au technicentre SNCF de Châtillon, les cheminots prêts à se mobiliser le 10 septembre, mais mitigés sur l'ampleur du mouvement

Dans les Hauts-de-Seine, les cheminots du technicentre de Châtillon se préparent au mouvement "Bloquons tout" mais doutent de son impact.

Article rédigé par Marc Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le technicentre Atlantique de la SNCF à Châtillon, dans les Hauts-de-Seine. (MARC BERTRAND / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Le technicentre Atlantique de la SNCF à Châtillon, dans les Hauts-de-Seine. (MARC BERTRAND / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Dans l'atelier du technicentre SNCF de Châtillon, le 10 septembre est sur toutes les lèvres. Pas étonnant : c'est un des bastions du syndicat Sud-Rail, habitué des grèves dures. Le mouvement "Bloquons tout" n'est toutefois pas une initiative syndicale, ce qui laisse certains cheminots dubitatifs quant à son ampleur.

Alors que les assemblées générales et les préparatifs se multiplient un peu partout en France, les services de renseignement attendent 100 000 personnes mobilisées. Mais les syndicats demeurent divisés sur ce mouvement qui vient des réseaux sociaux : tous n'appellent pas à faire grève mercredi.

"Ras-le-bol" 

Le gilet orange de la SNCF sur le dos, Frédéric passe le tourniquet du technicentre de Châtillon pour aller manger. Le cinquantenaire est de toutes les grèves et constate que le 10 septembre fait bavarder ses collègues : "Il y a un ras-le-bol. Les gens en ont marre". Le cheminot évoque notamment la suppression de deux jours fériés avancée par François Bayrou pour réaliser des économies sur le budget 2026. "Le prochain coup, c'est quoi ? Nos congés payés ?", ironise-t-il.

Pour Frédéric, l'objectif est clair : "Malheureusement, il faut bloquer le pays pour qu'on nous entende, sinon il n'y a rien qui bougera". Derrière lui, Soufian 30 ans, travaille à la maintenance. Même s'il n'est pas syndiqué, il estime qu'"il faut faire mal. Il faut aller à l'Elysée, les affronter, les confronter". Mais quand on lui demande s'il fait grève, il répond par la négative. "Je ne fais jamais grève. Mais je suis avec eux !", glisse-t-il.

Une mobilisation tiède ?

Devant la cantine, Jacques et Christophe, des anciens à la CGT voient bien que les jeunes sont en colère. "On est très énervés, affirme Jacques. Mais sur la durée, ça m'étonnerait que ça tienne." Les deux cheminots font partie de ceux qui ont tenu la grève plusieurs semaines, il y a deux ans, contre la réforme des retraites. Mais cette fois-ci, en pleine rentrée scolaire, le moment n'est pas le bon, estiment-ils. "Financièrement, ce n'est pas possible, lance Jacques. En plus, on vient de prendre les impôts dans la gueule !"

"Je vais faire grève. Une ou deux journées, mais je n'en ferai pas dix parce qu'on est pas payés." 

Christophe, cheminot

à franceinfo

Le syndicat majoritaire, Sud-Rail, distribue des tracts depuis des jours pour appeler à la grève. Malgré tout, Clément, un des syndicalistes, ne se sent pas soutenu par les grandes centrales. "Pourquoi tous les syndicats n'appellent pas tous au 10 [septembre] ?, lâche-t-il. Pourquoi appeler au 18 ? On voit certains syndicats qui zappent complètement le 10 par exemple, c'est le cas à la RATP où les syndicats n'appellent qu'au 18."

Le syndiqué voit dans cette stratégie "une manœuvre de division", estimant que "ça ne plaît pas aux directions syndicales de ne pas avoir le mouvement en main". Avec ses collègues, ils veulent organiser des actions dans les gares parisiennes, mais ils ne s'attendent pas à une grève massive qui empêcherait les trains de rouler.

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