Reportage "Je pense pouvoir apporter quelque chose" : ces Français racontent pourquoi ils ont choisi de prendre part à la réserve industrielle de défense

Face aux besoins croissants des armées, des entreprises font appel à des réservistes issus de l’industrie pour renforcer la production. Objectif : 3 000 réservistes d’ici 2030.

Article rédigé par franceinfo, Corentin Bémol - Corentin Bémol
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Des salariés d'Arquus sur le site de Limoges (Limousin), en 2021. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)
Des salariés d'Arquus sur le site de Limoges (Limousin), en 2021. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Comment répondre au besoin de main-d’œuvre dans l'industrie de défense ? Selon une étude menée par la DGA auprès de 2500 entreprises en 2024, l'industrie de l’armement manque cruellement de bras et de cerveaux : quelque 10 000 postes étaient ainsi immédiatement à pouvoir dans tout le pays en décembre 2024. Pour pallier ce manque d’effectif, le gouvernement a lancé, il y a deux ans, la réserve industrielle de défense. Il s'agit d'une réserve particulière destinée aux métiers techniques ou les volontaires pourront être mis à la disposition des entreprises de défenses. 

Depuis deux ans, des partenariats sont signés entre la Direction générale de l’armement (DGA) et les entreprises de défense. Et les réservistes affluent petit à petit, comme chez Arquus, premier fournisseur en véhicules terrestres de l'armée. L'entreprise, qui compte cinq sites de production à travers la France, a signé en novembre 2024 sa convention avec la DGA.

"C'est aussi pour pouvoir rendre service"

Le but : avoir à disposition des mécaniciens, des ouvriers qualifiés, des cadres de la société civile pour les aider ponctuellement à produire plus. 

"Nous, industriels, si on nous demande de monter en cadence, on peut avoir dans nos rangs des réservistes qui nous permettraient d'augmenter la cadence de nos lignes de fabrication. On est prêt à s'organiser pour accueillir davantage de main-d'œuvre."

Chantal Dognin, directrice des ressources humaines chez Arquus

à franceinfo

KNDS, qui produit de l’armement terrestre et des chars, se prépare aussi à accueillir ces réservistes mobilisables. Ils sont en majorité des jeunes retraités de l'industrie, comme Éric Marigny, 62 ans. Il a justement travaillé 42 ans en tant qu'usinier sur le site de Roanne (Loire) de Nexter, l'ancien nom de KNDS, avant d'être appelé il y a quelques mois."Comme j'estime que je suis encore en état physique et intellectuel pas trop mauvais, je pense pouvoir apporter quelque chose à KNDS ou à la réserve industrielle de défense (Rid) en utilisant mes compétences et mes différentes connaissances", glisse le jeune retraité.

Avant de justifier son choix de s'engager en tant que réserviste : "Par conviction personnelle, après 42 ans de carrière à l'intérieur de cette entreprise, j'y suis attaché. Si j'intègre la réserve industrielle, c'est aussi pour pouvoir rendre service. Je pense qu'il va falloir mobiliser un petit peu du monde", justifie Éric Marigny.

" Je suis encore plus prête à travailler pour les armées françaises"

Scania, le constructeur de poids lourds, est l'une des premières entreprises à avoir signé ce partenariat avec l'armée. Cinq de ses salariés sont réservistes, comme Maëlie Pho, responsable des programmes. "Le contexte fait que l'engagement que j’ai encore plus de sens. Aujourd'hui, dans tous les cas, je suis encore plus prête à travailler pour les armées françaises et pour leur apporter tout le soutien dont elles ont besoin", assure-t-elle.

Chez Scania, elle supervise les ateliers, le personnel, la qualité. Sa mission reste la même lorsqu'elle travaille avec l'armée, même si… "On ne travaille pas avec les mêmes matériels, on change complètement de paradigme. Aujourd'hui, je travaille dans une société privée avec ses processus et je rentre au sein des services armés pour essayer de les accompagner dans l'optimisation de leurs processus en m'appuyant sur mon expérience", précise Maëlie.

L'objectif de la Direction générale de l'armement est de recruter 3 000 réservistes d'ici 2030. Or, ce projet de réserve n'est qu'à son début, précisent ces entreprises. Pour Arquus et KNDS, les dix jours de formation n'auront lieu qu'au second semestre.

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