Le produit d'épargne pour financer la défense va aider "des entreprises à vendre des armes à l'étranger", dénonce l'ONG Reclaim Finance
Avec ce fonds proposé par BPI France, les Français pourront, à partir de 500 euros, "devenir indirectement actionnaires" d'entreprises de la défense, a expliqué le ministre de l'Économie. Lucie Pinson rappelle notamment les "preuves d'utilisation de ces armes contre des populations civiles" par certains grands groupes.
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Le produit d'épargne visant à financer l'industrie de la défense va aider "des entreprises de l'armement à vendre des armes à l'étranger", dénonce Lucie Pinson, directrice générale de l'ONG Reclaim Finance sur franceinfo jeudi 20 mars. Un peu plus tôt dans la journée, le ministre de l'Économie Éric Lombard a annoncé la création d'un fonds par BPI France de 450 millions d'euros, destiné aux Français qui souhaitent placer leur argent dans le secteur de la défense.
Avec ce fonds proposé par la banque publique d'investissement BPI France, les Français pourront, à partir de 500 euros, "devenir indirectement actionnaires" d'entreprises de la défense, a expliqué le ministre de l'Économie. Le fonds d'investissement doit permettre de soutenir la "base industrielle et technologique de défense" française, aussi appelée BITD. Elle comporte neuf grands groupes, comme Dassault Aviation, Safran, Thales ou Airbus, ainsi que près de 4 500 PME et entreprises de taille intermédiaire, selon Bercy.
"Armes contre les populations civiles"
"Thales, Dassault Aviation ou encore MBDA France font aujourd'hui l'objet d'une plainte déposée (en 2022) par trois ONG pour leur possible complicité dans des crimes de guerre au Yémen en raison de la fourniture d'armements utilisés par la coalition menée par l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis, avec des preuves d'utilisation de ces armes contre des populations civiles", rappelle Lucie Pinson.
"Vraiment, derrière la défense, il faut comprendre qu'on demande là aux Français d'investir dans des entreprises de l'armement qui vont ensuite vendre des armes à l'étranger, des armes qui peuvent être utilisées dans des conflits armés et contre les populations", insiste la directrice générale de Reclaim Finance. À ce sujet, Lucie Pinson tient aussi à préciser aux Français qui vont placer leur argent "qu'on ne décide pas d'investir uniquement dans le réarmement européen ou national pour pouvoir se défendre en cas d'attaque". Ce nouvel apport d'argent des particuliers va "augmenter la capitalisation ou la capacité de financement de ses entreprises, leurs activités et donc leur capacité aussi à vendre des armes partout dans le monde".
"Ce fonds est un coup de communication."
Lucie Pinson, directrice générale de l'ONG Reclaim Financefranceinfo
Lucie Pinson, met en exergue les "montants extrêmement faibles", évalués par Bercy. Selon le ministre de l'Économie, il faudrait aux entreprises de la défense française "à peu près 5 milliards d'euros de fonds propres, de capitaux nouveaux", afin de monter en cadence dans le cadre de l'effort national de défense décidé en lien avec la guerre en Ukraine. "C'est très peu, 5 milliards", évalue la directrice générale de Reclaim Finance, "lorsqu'on regarde les besoins ou les investissements alloués à d'autres secteurs ou à d'autres urgences".
L'urgence climatique mise de côté
Reclaim France juge que ce "coup de communication" n'est pas "responsable", surtout quand l'ONG se bat depuis sa création en 2020 pour aiguiller la finance vers "la justice sociale et climatique". "Il nous faut aujourd'hui réunir 66 milliards d'euros supplémentaires chaque année jusqu'en 2030 pour faire face" aux risques liés au réchauffement climatique. "On note cet écart de communication et de mobilisation entre les différents risques", regrette Lucie Pinson. "Ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas se poser la question de notre capacité à nous défendre à l'avenir", nuance-t-elle, mais son ONG souligne "le fait qu'aujourd'hui, le gouvernement passe totalement à côté d'une urgence plus importante, à savoir le risque climatique".
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