Budget de la Défense : "On a réalisé qu'on était plutôt un nain militaire qui ne pouvait pas agir dans le domaine diplomatique", observe un ex-colonel

Lors d'une réunion à l'Élysée avec les partis politiques, Emmanuel Macron a annoncé envisager d'augmenter les dépenses militaires de la France de 2,1% à 5% du PIB. L'occasion, selon le vice-président de l’institut Themiis, "d'avoir enfin le matériel qui correspond à la menace".

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, le 2 mars 2025. Le président de la République envisage de doubler le budget de la Défense face à la "menace russe". (JUSTIN TALLIS / POOL)
Emmanuel Macron, le 2 mars 2025. Le président de la République envisage de doubler le budget de la Défense face à la "menace russe". (JUSTIN TALLIS / POOL)

La volonté d'Emmanuel Macron et de l'Europe de doubler les dépenses de défense "est un peu le rêve de tous les militaires", salue dimanche 9 mars sur franceinfo Peer de Jong, ancien colonel des troupes de marine et vice-président de l’institut Themiis dédié aux problématiques de paix et de sécurité. Pour lui, cette augmentation va permettre aux armées européennes "d'avoir enfin le matériel qui correspond à la menace et à leurs besoins".

Il estime que l'armée française "est une armée parfaitement capable, parfaitement entraînée", comme "elle l'a démontré à Barkhane et à d'autres endroits". "Simplement, ce qu'il faut, c'est des moyens", insiste l'ancien colonel des troupes de marine. Il abonde dans le sens du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lequel a précisé que doubler les dépenses de défense de 2,5% à 5% du PIB correspondait à une "économie de défense" et pas à une économie de guerre : "Une économie de guerre, c'est l'ensemble du pays qui travaille 24 heyres sur 24, il faudrait 10%", et pas 5%, affirme Peer de Jong.

"Faire une armée, c'est entre 10 et 20 ans"

"Les Européens et les Français ont pris conscience du décalage par rapport à leurs voisins", notamment les Russes et les Américains, analyse le président de l’institut Themiis. "On a réalisé qu'on était plutôt un nain militaire et ce nain militaire ne pouvait pas agir dans le domaine diplomatique", affirme-t-il. Toutefois, "toutes les armées européennes sont équipées de matériel américain, donc on va acheter du matériel américain pendant au moins 20 ou 25 ans", durée moyenne des contrats en cours, explique Peer de Jong. Il est donc "illusoire" d'imaginer, selon lui, une indépendance rapide vis-à-vis des États-unis, "sauf pour les Français qui eux sont restés très français, 90% du matériel de l'armée française est français : il y aura un impact immédiat sur notre système", assure-t-il. "Au niveau européen, on va mettre 20 ans au minimum avant de se démarquer des Américains".

Cette affirmation est d'autant plus vraie, pointe l'ancien colonel, que certains pays européens ont tout à faire en matière de défense. "L'armée allemande est une armée qui n'est pas décadente mais extrêmement mauvaise", affirme Peer de Jong. "Donc très concrètement, il faut reconstruire, et faire une armée, c'est entre 10 et 20 ans. Actuellement, il y a une espèce d'excitation de court terme, mais la réalité de l'objectif est de moyen et long terme", martèle-t-il.

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