La mère de famille qui se disait visée par des tags antisémites dans son immeuble filmée en train de commettre elle-même des dégradations racistes

Cette Parisienne avait porté plainte alors que des inscriptions antisémites se multipliaient, jusqu'à sa porte d'entrée. Elle a depuis été filmée par une caméra de surveillance en train de commettre elle-même, avec sa fille, des tags antisémites dans l'ascenseur.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La porte d'entrée de l'appartement de Nancy taguée de dessins et messages antisémites. (BORIS LOUMAGNE - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)
La porte d'entrée de l'appartement de Nancy taguée de dessins et messages antisémites. (BORIS LOUMAGNE - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)

Précision. Le 30 octobre 2024, nous avons recueilli le témoignage de cette femme affirmant être la cible d'inscriptions antisémites. Elle avait porté plainte. Notre reporter avait pu constater la présence de ces inscriptions dans les parties communes de son immeuble et la rédaction de franceinfo (Radio France) avait obtenu confirmation auprès du parquet de Paris qu'une enquête, ouverte pour dégradations en raison de la religion, était confiée au commissariat du XIe arrondissement de Paris. Le 18 janvier 2025, la plaignante et sa fille ont été filmées par une caméra de surveillance en train de commettre elles-mêmes des tags antisémites dans l'ascenseur de l'immeuble. Elle doit comparaître pour dégradations racistes et dénonciation mensongère. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs et à nos auditeurs. 


Des tags partout au dixième étage d'un immeuble HLM parisien. "Il y a des nuits où je ne dors plus", confie Nancy au micro de franceinfo, mercredi 30 octobre, tête haute et sourire chaleureux, en dépit de tous ces graffitis antisémites depuis deux mois à l'intérieur de son immeuble. "Comme l'ascenseur fait du bruit, je suis tout le temps en train de regarder", témoigne-t-elle.

"Sale juive", "mort aux juifs"

"La porte a été taguée, on en voit sur les escaliers, avec l'étoile de David, les croix gammées également", décrit la Parisienne de 50 ans, qui constate que plus les jours passent, plus les messages sont violents. "On en est à 'mort aux juifs' avec le dernier en date sur l'ascenseur", glisse-t-elle. Sur le miroir de l'ascenseur, l'inscription "sale juive" a été écrite en noir. 

Une situation insoutenable pour Nancy, dont la grand-mère a été déportée en camp de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale et dont la mère a combattu l'antisémitisme toute sa vie. "Ça me révolte, si elle était là et qu'elle voyait tout ça...", glisse-t-elle. Les tags incessants pèsent aussi sur ses deux enfants, dit-elle.

"Ma fille, qui est plus grande, finit par détester tout le monde dans l'immeuble... Quant à mon fils, je pense qu'il a honte".

Nancy

à franceinfo

En plus de ces tags, contre lesquels elle a porté plainte à de nombreuses reprises, Nancy dit aussi subir aussi le climat et la hausse des actes antisémites, depuis le 7 octobre : "Je ressens qu'il y a une haine, les gens assimilent les juifs, le sionisme... Tout ça, c'est un amalgame et c'est ça qui me dérange", explique Nancy qui n'exclut pas de quitter l'immeuble. "Je ne peux pas rester dans un immeuble où j'inspire de la haine", conclut-elle.

Le seuil de la porte d'entrée de l'appartement de Nancy est flanqué d'une étoile de David et du mot "juifs". (BORIS LOUMAGNE - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)
Le seuil de la porte d'entrée de l'appartement de Nancy est flanqué d'une étoile de David et du mot "juifs". (BORIS LOUMAGNE - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)

Une enquête a été ouverte pour dégradations en raison de la religion, confirme le parquet de Paris à franceinfo. L'immeuble de Nancy est déjà profondément marqué par l’antisémitisme puisque quelques étages plus bas, en 2018, Mireille Knoll, 85 ans, a été tuée dans son appartement parce que juive.

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