Alfred Dreyfus : une proposition de loi pour élever le capitaine au rang de général de brigade examinée 130 ans après sa condamnation pour trahison

Plus d'un siècle après la condamnation pour trahison d'Alfred Dreyfus, son petit-fils Charles Dreyfus estime qu'il est "important de montrer ce que l'antisémitisme peut causer".

Article rédigé par franceinfo
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Alfred Dreyfus en uniforme après sa réhabilitation. (AFP)
Alfred Dreyfus en uniforme après sa réhabilitation. (AFP)

La commission de la Défense de l'Assemblée nationale examine, mercredi 28 mai, une proposition de loi pour réhabiliter militairement Alfred Dreyfus en l'élevant au grade de général de brigade à titre posthume, rapporte France Inter. Déposé le 7 mai dernier par Gabriel Attal, le patron des députés EPR, le texte qui sera examiné par les députés à partir de 9h tient en un seul article : "La nation française, éprise de justice et qui n'oublie pas, élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade." Le même texte a été déposé le 29 avril dernier au Sénat par le président du groupe socialiste Patrick Kanner.

En 1894, le capitaine alsacien Alfred Dreyfus, accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, avait été condamné pour trahison et contraint à l'exil sur l'île du Diable en Guyane, sur la base de fausses accusations alimentées par un antisémitisme très ancré dans la société française à la fin du XIXe siècle.

Vers une panthéonisation ?

"Je ne peux que regretter que cette promotion n'ait pas eu lieu de son vivant", confie à France Inter Charles Dreyfus, 98 ans, petit-fils d'Alfred Dreyfus. "Les hommages qui lui ont été rendus ont été pour l'essentiel des hommages posthumes", regrette-t-il. Alfred Dreyfus avait été réhabilité en 1906. Mais les cinq années qu'il a passées sur l'île du Diable n'ont jamais été prises en compte dans l'avancement de sa carrière militaire qu'il a terminée avec le grade de lieutenant-colonel de réserve, bien loin de ce à quoi il aurait pu prétendre.

90 ans après le décès de l'officier – il est mort le 12 juillet 1935 – ce geste de réparation initié par les parlementaires est avant tout un symbole fort aux yeux de Charles Dreyfus. Selon lui, "c'est important de montrer ce que l'antisémitisme peut causer".

Si cette proposition de loi est adoptée, "cela ne ferme pas la porte au symbole fort qui serait la panthéonisation de Dreyfus", analyse l'historien Philippe Oriol, spécialiste de l'affaire Dreyfus. "L'idée n'est pas de faire rentrer un moment d'histoire" au Panthéon, mais "de faire rentrer un homme", poursuit-il.

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