Reportage Polychètes, échinodermes… Les scientifiques du programme Atlas Sea s'attaquent à la Méditerranée

Après avoir effectué des campagnes de prélèvement au large de la Bretagne, dans les Antilles et en Nouvelle-Calédonie, les scientifiques sont en ce moment en Méditerranée, au large de Marseille.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les scientifiques du programme de recherche Atlas Sea en mission de prélèvement au large de Marseille et à la station marine d'Endoume. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Les scientifiques du programme de recherche Atlas Sea en mission de prélèvement au large de Marseille et à la station marine d'Endoume. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

C'est un projet scientifique hors norme : collecter plus de 4 000 espèces marines, parmi lesquelles, des mollusques, des poissons ou des algues, pour séquencer leur génome. Ce programme scientifique baptisé Atlas Sea vise à constituer un atlas des génomes marins pour mieux connaître la biodiversité et découvrir des molécules d'intérêt. L'équipe poursuit sa mission en s'attelant jusqu'au 28 juin à fouiller les eaux de la Méditerrannée.

Il est 6h du matin, le soleil se lève à peine sur Marseille et Damien, le capitaine du navire de recherche, met le cap sur le large. Sur le pont arrière, scientifiques et techniciens se préparent.

Leur mission : collecter des espèces qui évoluent à 60 mètres de profondeur, comme "des vers, des polychètes, des petits crustacés et des petits mollusques". Pour ça, l'équipage a deux outils à disposition : une drague et une benne. "Là, on a récupéré un gros organisme du groupe des échinodermes, donc comme les oursins et les étoiles de mer", décrit l'un des membres.

Polyplacophores et… Mr. Freeze

Malheureusement, dans ce mélange de coquilles, d'algues et de sable, on retrouve aussi du plastique. "Ça, c'est un emballage de glace, Mr. Freeze ou quelque chose comme ça", décrit un des techniciens, mais "on va les garder, s'intéresser aux espèces susceptibles de se développer sur les plastiques pour voir s'il y a des espèces qui sont capables de les dégrader". Pas de temps à perdre, les organismes doivent rester vivants pour que leur ADN soit préservé.

Objectif pour les scientifiques du programme de recherche Atlas Sea : collecter plus de 4 000 espèces marines, parmi lesquelles, des mollusques, des poissons ou des algues, pour séquencer leur génome. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Objectif pour les scientifiques du programme de recherche Atlas Sea : collecter plus de 4 000 espèces marines, parmi lesquelles, des mollusques, des poissons ou des algues, pour séquencer leur génome. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une fois arrivés à la station marine sur la corniche de Marseille, les échantillons passent au tamis, puis au microscope, comme ce mollusque, "un polyplacophore, un chiton", qui, comme les autres organismes, sera ensuite photographié, congelé à -80 degrés et envoyé dans les laboratoires du Genoscope, près de Paris. Les chercheurs pourront alors décrypter leur génome pour mieux comprendre les espèces, voire, identifier des molécules d'intérêts.

"À partir du moment où on a le génome de ces organismes on pourrait très bien envisager de produire ces molécules en dehors de ces organismes. Les antibiotiques par exemple sont des molécules produites par des organismes notamment marins pour lutter contre des bactéries. Donc, typiquement, si des espèces marines produisent des antibiotiques, on pourrait être intéressés", explique Bertrand Bed'home, professeur au Muséum d'Histoire Naturelle.

En deux ans, le programme AtlasSea a ainsi permis de collecter 1 500 espèces sur les 4 500 ciblées et près de 100 génomes ont pu être séquencés.

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