Reportage À la découverte du mètre étalon, objet révolutionnaire

Le trésor, hérité de la Révolution française et référence du système de mesure, trône au sein du Laboratoire national de métrologie et d'essais, à Paris.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le mètre étalon dans son écrin de bois au laboratoire national de métrologie et d'essais. (DR / LNE)
Le mètre étalon dans son écrin de bois au laboratoire national de métrologie et d'essais. (DR / LNE)

Un trésor historique, utile aussi bien pour faire ses courses que pour construire une maison ou un avion. Le mètre étalon se dévoile au sein du Laboratoire national de métrologie et d'essais, le LNE. Pour ses 120 ans, l'établissement dédié aux mesures universelles ouvre exceptionnellement ses portes, à Paris.

Pour apercevoir le mètre étalon, direction le LNE, un lieu discret, dont l'activité scientifique est essentielle pour notre quotidien. Il faut en parcourir les couloirs au sous-sol, s’équiper d’une tenue spéciale avec blouse et surchaussures et ouvrir un coffre-fort. Il en sort le fameux objet, une barre de platine reposant dans un écrin en bois. "C'est une référence en platine et iridium avec une section en X parce que c'est ce qui limite tout ce qui est dilatation, etc, décrit Florian Beaudoux, le responsable du département masses et grandeurs dérivées au LNE. C'est ce qu'on appelle des métaux nobles, des matériaux qui ne se polluent pas, qui ne s'oxydent pas, qui peuvent aussi bien se nettoyer s'il arrive quelque chose."

Le coffret du mètre étalon précieusement gardé au laboratoire national de métrologie et d'essais, à Paris. (OLIVIER EMOND / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le coffret du mètre étalon précieusement gardé au laboratoire national de métrologie et d'essais, à Paris. (OLIVIER EMOND / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

C’est à la Révolution Française que l’on doit ces mètres étalons, référence d’un système de mesure qui devient commun sur l’ensemble du territoire français, et progressivement dans le monde entier. "Donc ils ont commencé par le mètre, ils se sont dit : 'Qu'est-ce qui peut être universel ?', explique Maguelonne Chambon, directrice de la recherche au LNE. La Terre, c'est quelque chose d'universel qui parle à tout le monde, donc on va prendre un 10 000 000ᵉ, une partie, du quart du méridien terrestre. Et pour ça, Delambre et Méchain, deux astronomes, ont fait la mesure entre Barcelone et Dunkerque, une partie du méridien terrestre, pour dire 'voilà, à partir de ça, on va définir un mètre'." 

Une mesure sans cesse affinée

Aujourd’hui, le mètre étalon a délaissé sa représentation physique, devenue pièce de musée, pour être remplacé depuis les années 60 par une définition dématérialisée, liée à la vitesse de la lumière dans le vide. Cette référence sans cesse améliorée a permis d’augmenter la précision des objets fabriqués. "Il y a encore quelques années maintenant, on rodait les voitures, souligne Thomas Grenon, le directeur du LNE. Pourquoi est-ce qu'on n'était pas capable de faire l'alésage, c'est-à dire de maîtriser la cylindricité des pistons ? Et donc finalement ça se faisait par le rodage : on roulait doucement et donc, petit à petit, le rodage s'ajustait de façon physique parce que ça chauffait le piston avec le cylindre. Maintenant, on est en capacité de mesurer ça de façon tout à fait précise. On ne rode plus les voitures, c'est quelque chose qui a tout à fait disparu, qui est lié à notre capacité à mesurer."

La précision de la mesure est aussi essentielle aujourd'hui dans des industries de pointe comme l’aéronautique. Pour le grand public, ces mètres étalons sont visibles dans les rues de Paris. Les deux derniers exemplaires d'étalons publics ont été installés dans les rues de la capitale à la Révolution, place Vendôme et à côté du Jardin du Luxembourg, rue de Vaugirard.

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