"Il faut tenir les promesses et avancer" : Jane Goodall, un combat acharné pour la défense des chimpanzés et de l'environnement
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La célèbre primatologue britannique est morte mercredi à l'âge de 91 ans. Dans plusieurs interviews données à Radio France, elle ne cessait de défendre ces primates contre "l'arrogance" de l'homme, tout en militant pour un monde plus respectueux de la nature.
La primatologue britannique Jane Goodall, morte à 91 ans mercredi 1er octobre, aura révolutionné la connaissance des chimpanzés. Née à Londres, cette éthologue et anthropologue a passé des décennies à observer et étudier ces primates. Elle est notamment connue pour être la première scientifique à découvrir qu'ils se servaient d'outils pour se nourrir.
Son parcours est aussi marqué par sa défense infatigable de l'environnement, elle dénonce très vite la destruction des habitats naturels des primates par l'homme, ainsi que le commerce de viande de brousse. "On tue les mères des chimpanzés pour prendre les petits et puis les envoyer partout dans le monde pour servir d'animaux domestiques ou presque de jouets. Voilà ce qui explique la diminution drastique de ces populations, en plus de la destruction de leur habitat", déplore-t-elle dans un entretien sur France Culture, en octobre 2024.
"Ils m'ont dit que je n'aurais pas dû donner des prénoms aux chimpanzés, mais des numéros"
Jane Goodall laisse aussi une empreinte toute personnelle dans sa façon d'approcher ces primates, parfois à contrecourant de la communauté scientifique, qui lui reproche sa trop grande compassion pour ces primates.
"En 1962, cela faisait deux ans que je passais mon temps à observer les chimpanzés. Je me suis rendue à l'université de Cambridge en Angleterre, racontait-elle toujours sur France Culture. Et ils m'ont dit que je n'aurais pas dû donner des prénoms aux chimpanzés, mais des numéros. Je ne devais pas parler de leur personnalité, de leur esprit, de leurs émotions, parce que tout ça, c'était le propre de l'humain, m'a-t-on dit. Et je ne pouvais pas avoir de l'empathie pour les chimpanzés, sinon je n'étais pas objective, et la science doit être objective. Mais heureusement, j'ai appris, dès l'enfance d'ailleurs, que tout ça, c'était complètement bidon. Et cela, je l'ai appris auprès de mon chien, Rusty."
"Les mots ne suffisent plus" sur la crise climatique
L'éthologue milite plus largement pour la cause écologique et appelle à des actions rapides et concrètes. "Nous atteignons le point de non-retour en ce qui concerne le changement climatique, la biodiversité, la perte de terres arables, l'agriculture intensive et industrielle, prévient-elle en octobre 2024 sur France Inter. Nous sommes dans une situation d'urgence et nous devons agir. Les mots ne suffisent plus, les promesses ne servent à rien. Il faut tenir les promesses et avancer."
La création du Jane Goodall Institute, en 1977, donne un élan supplémentaire à son combat, parallèlement à ses travaux, pour promouvoir la recherche et défendre la faune. Elle souhaite ainsi s'adresser plus particulièrement aux jeunes, qui portent l'espoir d'une véritable prise de conscience.
"Est-ce que vous vous intéressez au traitement des chiens abandonnés ? Est-ce que vous voulez qu'on laisse faire la déforestation ? Que l'on déblaye des terrains pour bâtir des supermarchés ?", interrogeait-elle, sur France Inter, en interpellant la jeunesse. Il ne faut pas s'occuper du monde, il faut s'occuper de petites choses qui peuvent faire la différence. Petit à petit, pas à pas..."
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