Une mission habitée posée sur Mars possible dans les années 2040, estime l'astronaute Jean-François Clervoy
Alors que le robot américain Perseverance tentera de se poser jeudi sur la surface de Mars après sept mois de voyage, Jean-François Clervoy pense que cette mission fait partie de celles qui amèneront un jour des humains à la surface la planète rouge.
Jean-François Clervoy, astronaute, fondateur d’Air Zéro G, un programme de vols en apesanteur, a estimé jeudi 18 février sur franceinfo qu’une mission habitée sur Mars sera "peut-être possible dans les années 2040" alors que le robot américain Perseverance va tenter de se poser dans la soirée sur la surface de la planète Mars après sept mois de voyage. Il doit atterrir dans le cratère Jezero où de l’eau aurait été présente il y a 3,5 milliards d’années. Il pourra alors débuter ses travaux à la recherche d'une trace de vie.
franceinfo : Qu'est-ce qu'on va chercher précisément avec le rover Perseverance ?
Jean-François Clervoy : On connaît les conditions nécessaires à la vie, on ne connait pas les conditions suffisantes : de l'eau, par exemple, minéralisée pendant longtemps, une source d'énergie... Et plus on étudie Mars, plus on se rend compte qu’elle a connu où qu'elle connaît peut-être encore sous sa surface ces conditions. Donc, plus on étudie Mars et plus on a des raisons de penser qu'il est possible qu'elle ait abrité la vie.
On espère trouver de minuscules traces d'organismes vivants ?
Cette mission est vraiment orientée sur ces expériences d'exobiologie. Ce rover va déposer sur son chemin des petites capsules étanches qui contiendront des échantillons qu'une mission future, dans quelques années, viendra chercher. Une mission avec un retour d'échantillons est un préalable indispensable avant une mission habitée, puisqu’avant d'envoyer des humains vers Mars dans une mission avec un retour prévu, évidemment, il est très important de démontrer le savoir-faire d'une mission capable d'aller vers Mars, se poser sur Mars, redécoller et revenir vers la Terre. Et Perseverance fait partie de cette série de missions successives qui amèneront un jour des humains à la surface.
Quand est-il raisonnable d’envisager une mission habitée sur Mars ?
Ma meilleure estimation du premier voyage habité, ce serait entre 2035 et 2040, mais probablement d'abord sans se poser, parce qu’aller vers Mars, tourner autour, étudier Mars depuis son orbite et revenir, c’est plus facile que la même mission dans laquelle on rajoute la descente à la surface et la remontée. Donc, dans les années 2030, une mission habitée sans se poser. Et peut être dans les années 2040, une première mission habitée qui inclura le posé à la surface et la remontée en orbite. Depuis Mars, les astronautes pourront télécommander en temps réel des rovers à la surface de façon beaucoup plus efficace que depuis la Terre. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'à bord de la Station spatiale internationale (ISS), certaines expériences consistent à télécommander par des astronautes des robots qui sont sur la surface terrestre. On répète ce qu'on fera peut-être un jour depuis l'orbite martienne. Un voyage vers Mars c’est des mois, des années sans voir la Terre.
C’est une expérience scientifique, mais aussi psychologique ?
Ce sont des missions qui demandent beaucoup, beaucoup de travail, de scientifiques et d'ingénieurs. Mais bien sûr, lorsqu'on enverra des humains, ce sera encore plus difficile. Ce sera très important que les astronautes soient impliqués dans la conception de leur mission peut-être dix ans à l'avance, pour s'approprier le vaisseau. Parce qu'effectivement, sur le plan psychologique c’est une grande première dans l'histoire de l'humanité. Pour la première fois, des humains ne verront plus la Terre, ne pourront plus converser avec la Terre. Et pire que tout, contrairement à tout ce qui a été possible depuis 60 ans, on a toujours eu, dans nos missions en orbite terrestre ou même les missions Apollo vers la Lune, un scénario de retour d'urgence sur Terre. De trois jours depuis la Lune, quelques heures depuis l’orbite terrestre. Mais ceux qui partiront vers Mars seront partis quoi qu'il arrive pour des mois et des mois. Il faut repenser le vaisseau, l'autonomie, l'intelligence artificielle embarquée et les critères de sélection.
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