La pollution lumineuse va-t-elle bientôt nous empêcher de voir les étoiles briller ?
Plusieurs associations s'alarment du surdéveloppement des éclairages publics, qui détériorent nettement la qualité de la nuit.
Quelque part dans les montages les plus hautes des Pyrénées ou dans la campagne reculée de Corse, la nuit est noire et le ciel constellé d'étoiles. Il s'agit des dernières zones préservées de la pollution lumineuse en France, parfaites pour profiter pleinement des Nuits des étoiles, qui débutent vendredi 28 juillet, selon Anne-Marie Ducroux, présidente de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN). "Ailleurs en France, on est dans une qualité de la nuit moyenne ou médiocre, même à la campagne", alerte l'ex-présidente du Conseil national du développement durable.
Les étoiles ont-elles déjà presque disparu de notre champ de vision ? "Dans un rayon de 40 km autour de Paris, on ne voit déjà pratiquement plus aucune étoile, regrette Frédéric Tapissier, le fondateur de l'association d'astronomie Avex. Certaines personnes qui habitent en ville n'ont jamais vu un bon ciel étoilé de leur vie." Avis aux Parisiens, Lyonnais, Marseillais, Toulousains, si vous restez dans votre ville, vous risquez de ne jamais apercevoir le spectacle des étoiles.
Pire, un tiers de la population de la planète ne peut jamais apercevoir la Voie Lactée, selon un nouvel atlas mondial de la pollution lumineuse, publié en juin 2016. Les responsables de cette situation sont bien connus : l'éclairage artificiel dû à l'urbanisation et la pollution atmosphérique.
La pollution lumineuse a doublé en 25 ans
Pour dresser un constat précis de cette pollution lumineuse, l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) a engagé une grande collecte de données. Le résultat est édifiant : la lumière émise par l'éclairage public a augmenté de 94% depuis le début des années 1990 et le nombre de points lumineux a progressé de 89%. "On a des éclairages surdimensionnés et mal adaptés", dénonce Frédéric Tapissier auprès de franceinfo. "On ne dit pas qu'il faut tout éteindre partout, mais on a étendu et densifié les réseaux lumineux sans même se poser la question des véritables besoins", analyse également Anne-Marie Ducroux.
Et la situation n'est pas prête de s'améliorer, car les ciels étoilés doivent faire face à un nouveau fléau : les LED. La puissance de ces éclairages blanc ou bleu ainsi que leur structure produisent une pollution lumineuse bien plus importante que les autres ampoules. "A puissance égale, les LED font trois fois plus de dégâts qu'une lumière ambrée classique", explique Frédéric Tapissier. Pour éviter que les LED ne deviennent les ennemis des étoiles, l'ANPCEN donne quelques conseils : il faut les orienter sur la surface à éclairer, et non vers le ciel, réduire leur nombre et choisir une couleur plus chaude.
Reste un autre phénomène amplificateur de la pollution lumineuse et qui ne semble pas prêt de disparaître : la pollution atmosphérique. "Les particules fines sont éclairées par les points lumineux et multiplient les dégâts", explique Frédéric Tapissier. De quoi élargir les halos lumineux autour des villes et masquer, dans un périmètre plus large, les étoiles dans le ciel. Pour observer les astres, les Parisiens devront quitter l'Ile-de-France, les Lyonnais se réfugier dans les Alpes, loin des stations de ski, les Marseillais partir en Camargue et les Toulousains grimper dans les Pyrénées.
"La situation a tendance à se stabiliser"
Mais tout n'est pas noir, en terme de qualité de nuit. "Il y a une véritable prise de conscience de ces enjeux depuis quelques années, se félicite Anne-Marie Ducroux. La situation a tendance à se stabiliser en France après plusieurs décennies de dégradation." A force de mobilisation, les premiers textes de lois ont ainsi vu le jour, avec un décret sur l'éclairage nocturne en 2013. Par exemple, "certaines autoroutes autour de Paris sont désormais éteintes la nuit", note Frédéric Tapissier.
Cette bataille contre la pollution lumineuse dépasse la seule protection de l'environnement. "Il y a un aspect culturel à cette lutte, philosophe Anne-Marie Ducroux. L'enjeu, c'est de ne pas perdre la capacité de contemplation du ciel qui a inspiré des générations entières." Pour transmettre cet héritage aux générations futures, des astronomes avaient proposé de faire entrer le noir de la nuit au patrimoine de l’humanité de l’Unesco. En vain. En 2009, des "réserves de ciel nocturne" ont tout de même été créées, dont l'une située en France, au pic du Midi. Si vous êtes dans le secteur, vous serez aux premières loges pour profiter des Nuits des étoiles.
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